13e Mémorial Karpov

Dmitry Jakovenko (DR)
Victoire finale de Dmitry Jakovenko qui devance d'un demi-point Ruslan Ponomariov. Nigel Short est dernier.

Chaque année dans la petite ville de Poikovski (Russie) a lieu un fort tournoi d'échecs, en hommage à Anatoly Karpov. L'année dernière, c'est Étienne Bacrot qui avait remporté la 12e édition, ex-aequo avec Sergey Karjakin. Merci à Mark Crowther, de The Week In Chess, pour les parties.

On ne peut que regretter le manque de communication autour de cet événement, comme l'illustre le site officiel, alors que de forts Grands-Maîtres participent. On peut néanmoins voir les parties en direct, à partir de 11h00 (heure de Paris).

Participants Nat Elo
Ruslan Ponomariov UKR 2729
Dmitry Jakovenko RUS 2724
Radoslaw Wojtaszek POL 2713
Lazaro Bruzon Batista CUB 2713
Viktor Bologan MDA 2712
Nigel Short ENG 2698
Sergei Rublevsky RUS 2693
Wang Yue CHN 2691
Alexander Onischuk USA 2672
Alexander Motylev RUS 2658
Dmitry Jakovenko

 

  Joueur Elo Nat Score 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 Perf Chg
1 Jakovenko, Dmitry 2724 RUS 6.0/9 X = = = = = 1 = 1 1 2822 +12
2 Ponomariov, Ruslan 2729 UKR 5.5/9 = X = 1 = = 0 1 = 1 2777 +5
3 Motylev, Alexander 2658 RUS 5.0/9 = = X 0 1 = = 1 = = 2748 +12
4 Wojtaszek, Radoslaw 2713 POL 5.0/9 = 0 1 X = = 1 = = = 2741 +3
5 Wang, Yue 2691 CHN 4.5/9 = = 0 = X = = = = 1 2701 +2
6 Bruzon Batista, Lazaro 2713 CUB 4.0/9 = = = = = X 0 0 = 1 2655 -8
7 Bologan, Viktor 2712 MDA 4.0/9 0 1 = 0 = 1 X 0 = = 2656 -7
8 Rublevsky, Sergei 2693 RUS 4.0/9 = 0 0 = = 1 1 X = 0 2658 -4
9 Onischuk, Alexander 2672 USA 4.0/9 0 = = = = = = = X = 2660 -1
10 Short, Nigel D 2698 ENG 3.0/9 0 0 = = 0 0 = 1 = X 2575 -14
Ronde 9 - 7 octobre
Ruslan Ponomariov - Sergei Rublevsky : 1-0 (77) Semi slave
Lazaro Bruzon - Alexander Motylev : ½-½ (13) Défense slave
Radoslaw Wojtaszek - Alexander Onischuk : ½-½ (41) Gambit Dame refusé
Wang Yue - Dmitry Jakovenko : ½-½ (29) Espagnole, défense de Berlin
Viktor Bologan - Nigel Short : ½-½ (59) Française, Steinitz

La seule victoire de cette dernière ronde est à mettre à l'actif de l'Ukrainien Ruslan Ponomariov, qui a battu Sergei Rublevsky en 77 coups. Pas de combinaison tactique gagnante dans cette partie, mais une domination stratégique qui a progressivement étouffé les Noirs. Le couple Fou-Cavalier était supérieur à la paire de Cavaliers en raison des pions sur les 2 ailes : le Fou, pièce à longue portée est d'une aide précieuse dans ce type de situation.

Comme il est recommandé en finale, les Blancs ont rapidement activé leur Roi (32.Re2, 34.Rd3, 35.Rc4), contraignant son homologue à la passivité. Ponomariov transpose alors dans une finale de Cavaliers gagnante. Il capture un pion au 56e coup. Sa démonstration technique est  ensuite impeccable, et Rublevsky doit rendre les armes au 77e coup. Grâce à cette victoire, l'ancien Champion du Monde FIDE termine 2e, derrière Dmitry Jakovenko.

Ronde 8 - 6 octobre (11h00)
Sergei Rublevsky - Viktor Bologan : 1-0 (39) Attaque Sozin
Nigel Short - Wang Yue : 0-1 (68) Défense Petrov
Dmitry Jakovenko - Radoslaw Wojtaszek : ½-½ (13) Défense Ragozine
Alexander Onischuk - Lazaro Bruzon : ½-½ (53) Partie Anglaise
Alexander Motylev - Ruslan Ponomariov : ½-½ (32) Espagnole d'échange

Les parties Jakovenko-Wojtaszek et Motylev-Ponomariov se conclurent rapidement, évidemment par le partage du point.

Rublevsky-Bologan après 17...exf4

Sergei Rublevsky, dans sa partie contre Viktor Bologan démontra l'importance de l'initiative. Dans une attaque Sozin avec des roques opposés, les Noirs innovent au 16e coup par 16...e5. Après 17.Df2 exf4 (voir diagramme), les Blancs ne reprennent pas immédiatement le pion et intercalent le coup 18.e5! Le pion est imprenable car si 18...Fxe5?? 19.Cc4 gagne une pièce. Le Fou f6 doit alors quitter la grande diagonale d'où il exerçait une pression sur le roque adverse. Cette retraite donne l'initiative aux Blancs, qui vont parfaitement l'exploiter. Chaque camp a lancé une attaque sur le Roi adverse, mais ce sont les Blancs qui arrivent les premiers (24.g5). Dans une situation déjà compliquée, Bologan va enchaîner 2 coups catastrophiques, 27...Fxd5? et 28...Txa2?? qui donnent la victoire aux Blancs. Probablement assommés, les Noirs joueront jusqu'au 39e coup avant de se résigner à abandonner.

L'autre victoire de la journée est à mettre à l'actif du Chinois Wang Yue. Nigel Short, peu en réussite dans ce tournoi, connaît sa quatrième défaite alors que la nulle lui tendait les bras. L'Anglais a encore une fois montré toute son originalité en choisissant une variante assez rare contre la défense Petrov, où les Blancs jouent leur Fou en d3 au 5e coup, puis 6.c3 et 7.Fc2 avant de poursuivre leur développement.

Short-Wang Yue après 38...Cb5
Short-Wang Yue après 48...c3

Nigel Short rate un gain en un coup juste avant le contrôle de temps (voir diagramme de gauche). Ici, 39.Fc7 donnait un avantage décisif (le Fou est évidemment imprenable à cause de 39...Cxc7 40.Dc8+). Les Noirs doivent reculer la Dame par 39...De8  (39...Dd7?? 40. b7 gagne), et après 40.Dxa5 les Noirs vont devoir donner trop de matériel pour empêcher la promotion du pion "b".

Après avoir raté ce gain, Nigel Short va rater la nulle. Il y a des jours comme ça où rien ne va... Dans la position du diagramme de droite, il fallait jouer, selon les moteurs d'analyse, 49.Dg8+ (avec l'idée de pousser le pion "g") pour faire nulle. L'Anglais choisit 49.Dh7? et après  49...Cd4 le Roi Noir parviendra à échapper aux échecs de la Dame tout en permettant la promotion du pion "ç".

Ronde 7 - 5 octobre (11h00)
Alexander Motylev - Sergei Rublevsky : 1-0 (46) Sicilienne Taïmanov
Ruslan Ponomariov - Alexander Onischuk : ½-½ (61) Anti-Marshall
Lazaro Bruzon - Dmitry Jakovenko : ½-½ (39) Slave d'échange
Radoslaw Wojtaszek - Nigel Short : ½-½ (28) Gambit de Budapest
Wang Yue - Viktor Bologan : ½-½ (56) Défense Benoni

On ne peut qu'admirer le «fighting spirit» de Nigel Short. Après un gambit Evans hier, le joueur anglais se lance dans l'aventure du gambit de Budapest. La première partie connue avec ce gambit est la partie Adler-Maroczy, Budapest 1896. Short n'ira pas jusqu'à jouer la variante Fajarowicz avec 3...Ce4 et se contentera de 3...Cg4 qui récupère le pion. La même suite qu'il a déjà joué contre Karpov en 1992 (1-0), Ivanchuk en 1993 (½-½) et Karjakin en 2008 (1-0). Dans la variante 4.Cf3 (appelée ligne Adler), les Noirs ont l'occasion de transférer leur Ta8 via la 6e rangée par a7-a5, Ta8-a6-h6. Même si dans ce cas il ne faut pas jouer ...d6. Radoslaw Wojtaszek ne s'attendait évidemment pas à une telle ouverture et la partie a rapidement échappé aux bases de données. La partie était intéressante, mais est restée plus ou moins équilibrée. La nulle est donc logique. 

Wang Yue-Bologan, après 12.Cd2
Wang Yue-Bologan, après 35.Re3

Toutefois, Nigel Short n'a pas le monopole du «fighting spirit» et Viktor Bologan n'en manque pas non plus. Opposé au Chinois Wang Yue, le Moldave a planté une défense Benoni avec un sacrifice de qualité récemment joué dans les parties Gleizerov,E (2565)-Indjic,A (2451) Paracin SRB 2012, ½-½ (21) et Cori,J (2487)-Lupulescu,C (2614) Istanbul TUR 2012, 0-1 (53). Voir le diagramme après 12.Cd2, 12...Rxf4 13.gxf4 Fxb2 14.Tb1 Fg7... Les complications ont poussé les deux joueurs au zeitnot, et dans la position du second diagramme, après 35.Re3, Viktor Bologan rate sans doute le coup gagnant qui était 35...Cc1!. 35...Cc3 a été joué et le contrôle du temps atteint de justesse. La nulle a été conclue, mais pas avant que Bologan ne tente de l'emporter malgré une qualité de moins. Une belle partie.

Ponomariov-Onischuk, après 49.Ce6

Si Ruslan Ponomariov est un joueur beaucoup moins spectaculaire, il n'en reste pas moins  très efficace. L'Ukrainien gagne un pion au 31e coup, échange tout ou presque, et les chances d'Alexander Onischuk de sauver le demi-point semblaient utopiques. Pourtant, Ponomariov ne  va pas être aussi précis que d'habitude en finale, et Onischuk va finalement s'en sortir ! Une variante de nulle amusante est survenue après 49.Ce6. au lieu de 49...Fe7 joué par Onischuk, le joueur américain aurait pu forcer une partie nulle encore plus rapidement par 49...Ff6!! 50.Cf4+ Rxh2 51.exf6 gxf6 52.Ch5 Rh3 et le dernier blanc va disparaître. Les joueurs se battront jusqu'au dernier pion et partageront le point Roi contre Roi.

Motylev-Rublevsky, après 33...Fxc2

Alexander Motylev et Sergey Rublevsky aussi se sont retrouvés dans un zeitnot extrême, moins d'une minute chacun pour les dix derniers coups. Ce qui donne encore plus de mérite à Motylev d'avoir rendu le matériel pour passer en finale gagnante. Dans la position du diagramme, après 33...Fc2, les Blancs rendent la qualité par 34.Txf6! gxf6 et non seulement gagnent un pion avec 35.Cxe4 sinon que la majorité de pions noirs ne vaut plus rien, alors que les deux pions à l'aile-Dame sont libres. Après 35...Te8 36.Cc5 Te2 37.g3 f5 38.Ra2 Fe4 39.a4 Rg7 40.Ra3 Rg6 41.a5 le contrôle du temps est passé et, une fois la poussière retombée, les Noirs pouvaient déjà abandonner.

Ronde 6 - 4 octobre (11h00)
Sergei Rublevsky - Wang Yue : ½-½ (30) Défense Petrov
Viktor Bologan - Radoslaw Wojtaszek : 0-1 (71) Sicilienne Najdorf
Nigel Short - Lazaro Bruzon : 0-1 (57) Gambit Evans
Dmitry Jakovenko - Ruslan Ponomariov : ½-½ (20) Gambit dame accepté
Alexander Onischuk - Alexander Motylev : ½-½ (25) Défense semi-Slave

C'était sans doute pour la démonstration, Sergei Rublevsky et Wang Yue nous ont montré une façon de jouer aux échecs que plus personne ne souhaite voir : une variante connue, récitée jusqu'au bout, sans aucune réflexion, jusqu'à obtenir une finale de Fous de même couleur et une structure de pions symétrique. On joue encore quelques coups anodins, histoire de ne pas se prendre un double zéro, et on retourne se coucher. 10 ans de travail pour en arriver là ? 

Dmitry Jakovenko et Ruslan Ponomariov n'ont pas fait mieux. Ils ont joué plus longtemps, mais moins de coups. 15 comme dans les parties Khenkin,I (2634)-Rasmussen,A (2536) Tromsoe 2009, ½-½ (28) et Georgiev,K (2672)-Laznicka,V (2637) Pamplona 2009, ½-½ (23) et puis, sans doute terrifiés face à l'immensité du jeu d'échecs, ils ont préféré arrêter les frais 5 coups plus tard. On ne sait jamais, il pourrait se passer quelque chose...

Bologan-Wojtaszek, après 25.Dg3
Bologan-Wojtaszek, après 54...Te3+

Heureusement deux positions méritaient l'attention. Viktor Bologan face à Radoslaw Wojtaszek et, évidemment, le gambit Evans de Nigel Short contre Lazaro Bruzon. Viktor Bologan a rejoué sa variante contre la Najdorf, 7.Cf3 (7.Cb3 est plus habituel) et Radoslaw Wojtaszek a varié des parties précédentes jouées par le Moldave avec 9...Dc7, et là, 11.Cd2?! On ne comprend pas vraiment l'idée de ce coup, mais toujours est-il qu'il n'a pas impressionné son adversaire polonais. Ensuite, Viktor s'est lancé dans un plan assez étrange. 17.Ta4!?. Et sur 17...Fd7 18.Taa1 Fxa5 Bologan doit combiner pour ne pas perdre de matériel avec, 19.Fxf7+ Rxf7 20.Cb3 Db6 21.Txa5 Fe6. Et puis les Noirs ont déplacé l'action sur l'aile-Roi. Dans le premier diagramme, après 25.Dg3 Cxf2 gagne un pion et les Blancs sont très mal. Bologan est en grand zeitnot, mais limite la casse et passe le contrôle du temps. C'est finalement sur un simple échec que le Moldave va trébucher. Second diagramme, après 54...Te3+ 55.Rg2 ou 55.Rf2 font nulle, mais pas 55.Rg3?? Tg3+ 56.Rf5 f3 57.Cxb5 f2 58.Td7+ Rg8 59.Td8+ Rg7 60.Td7+ Rf8 61.Cd6 f1=D+ et gain noir quelques coups plus tard.

Short-Bruzon, après 21.Te2
Short-Bruzon, après 50...Cc3

Nigel Short s'est fait une spécialité des ouvertures démodées. Et le gambit Evans (joué avec succès par Garry Kasparov) possède toujours un intérêt. Short sort des grandes lignes avec 7.Fe2 au lieu du grand coup 7.Cxe5 et Bruzon rend le pion. Dans la position du premier diagramme, après 21.Te2, le Cubain, qui a égalisé, cherche à en obtenir plus avec un sacrifice de qualité par, 21...Txe5 22.fxe5 Dxe5 23.Td1 Fc6 avec un pion et le plan de transférer le Cavalier en d3 via la case b7. Short va empêcher la réalisation du plan adverse, mais son Fou en f3 reste vraiment très mauvais. Cependant, Lazaro Bruzon est en zeitnot dès le 30e coup, 1'30" et 10 minutes pour Short. Le contrôle est toutefois atteint sans drame. L'Anglais insiste, trop sans doute, et le Cubain se retrouve avec 3 pions pour la qualité ! Diagramme de droite : 51.Td8? (Reste à savoir si avec 51.Ta1 Rb4 52.Rd2 a4 53.Tc1 les Blancs pouvaient tenir.) 51...a4 52.Rd2 Rb4 53.Rc2 a3 et Nigel va s'incliner quelques coups plus tard.

Ronde 5 - 2 octobre (11h00)
Alexander Onischuk - Sergei Rublevsky : ½-½ (17) Slave Chebanenko
Alexander Motylev - Dmitry Jakovenko : ½-½ (15) Caro-Kann d'échange
Ruslan Ponomariov - Nigel Short : 1-0 (44) Catalane ouverte
Lazaro Bruzon - Viktor Bologan : 0-1 (45) Partie Anglaise
Radoslaw Wojtaszek - Wang Yue : ½-½ (42) Défense Slave
Ponomariov-Short, après 26.Tdd7

La journée n'a pas été très passionnante aujourd'hui. Par contre, sans doute comme Nigel Short, nous n'avons pas vu venir une «petite combinaison» de Ruslan Ponomariov qui gagne un pion. Dans la position du diagramme ci-contre, le joueur anglais vient de jouer 26...Td8-d7?! et l'Ukrainien trouve : 27.Cxf6! Txb6 (27...gxf6 28.Txd7 Txb6 (ou 28...Txd7 29.Txb8) 29.Txe7+ Rxe7 30.Fxb6 n'était pas meilleur) 28.Cxd7 Tb5 29.Cxb8 Txb8 avec un pion de plus que Ponomariov va convertir en point entier en finale de Tours. 

Viktor Bologan profite du grand zeitnot de Lazaro Bruzon pour transformer son micro-avantage en avantage décisif, s'adjugeant ainsi une seconde victoire consécutive.

Ronde 4 - 1er octobre (11h00)
Sergei Rublevsky - Radoslaw Wojtaszek : ½-½ (55) Sicilienne Najdorf
Wang Yue - Lazaro Bruzon : ½-½ (58) Est-Indienne
Viktor Bologan - Ruslan Ponomariov : 1-0 (68) Gambit Benkö
Nigel Short - Alexander Motylev : ½-½ (40) Caro-Kann 2 Cavaliers
Dmitry Jakovenko - Alexander Onischuk : 1-0 (32) Gambit Dame5.Ff4
Jakovenko-Onischuk, après 26.Cd2
Jakovenko-Onischuk, après 32.Cxf6!

Dans la position du diagramme les Blancs sont un peu mieux à cause du mauvais placement des pièces noires. Ceci-dit, rien d'irrémédiable. C'est en voulant gagner un pion qu'Alexander Onischuk va perdre cette partie. 26...Fxc5? 27.bxc5 Txc5 28.De3! et le clouage mène Dmitry Jakovenko vers la victoire. 28...Cb7 29.Ce4 Tc6 30.Txc6 Dxc6 31.Tc1 Dd7 Et maintenant la pointe ! 32.Cxf6! 1-0. En effet, si 32...Rxf6 33.De5+ Re7 34.Tc7 gagne la Dame noire.

Bologan-Ponomariov, après 55.T8d6

La partie du jour est la provocation de Ruslan Ponomariov, qui a joué un gambit Benkö à Viktor Bologan. Le Moldave est en effet un spécialiste de cette ouverture, même si on se rappellera aussi de ses trois défaites au Tournoi de Bienne 2012. Ponomariov va cependant attendre que les Blancs se compromettent par 3.g3 avant de rentrer dans le gambit - 3.g3 ôtant certaines possibilités importantes. Bologan prend le pion, le garde et en gagne un second après le contrôle du temps. La position du diagramme, après 55.T8d6, montre la position gagnante obtenue par Viktor, qui enregistre ainsi une première victoire dans le tournoi. A rejouer la méthode de progression des Blancs à partir de la position ci-contre.

Ronde 3 (11h00)
Dmitry Jakovenko - Sergei Rublevsky : ½-½ (33) Gambit Dame accepté
Alexander Onischuk - Nigel Short : ½-½ (64) Défense anglaise
Alexander Motylev - Viktor Bologan : ½-½ (48) Sicilienne Paulsen
Ruslan Ponomariov - Wang Yue : ½-½ (29) Partie du Fou
Lazaro Bruzon - Radoslaw Wojtaszek : ½-½ (20) Anglaise
Onischuk-Short après 40...Dd8

Nigel Short a été une fois de plus sous le feu des projecteurs. Dans cette troisième ronde, son adversaire, l'Américain Alexander Onischuk, obtient une superbe position : il est parvenu à totalement contrôler la colonne "e", et le Grand Maître anglais est contraint à la passivité pendant que son adversaire a tout loisir d'améliorer sa position. Onischuk attendra sagement que le contrôle de temps du 40e coup soit passé avant de se lancer à l'offensive par 41.g4. Après 41...fxg4+ 42.Rxg4 h6 43.gxh6 Df6 44.Rg3 Rh7 45.Dg4 Rxh6, les Blancs vont manquer la suite gagnante, 46.Cf2! (avec l'idée de replacer le Cavalier en e4, ce qui assure une domination écrasante aux Blancs). Au lieu de ça, ils vont transposer en finale de Tours, où l'Anglais sauvera le demi-point.

Ronde 2 (11h00)
Radoslaw Wojtaszek - Ruslan Ponomariov 0-1 (67) Grünfeld, variante russe
Nigel Short - Dmitry Jakovenko 0-1 (51) Partie anglaise
Sergei Rublevsky - Lazaro Bruzon Batista 1-0 (64) Partie écossaise
Viktor Bologan - Alexander Onischuk ½-½ (24) Espagnole
Wang Yue - Alexander Motylev 0-1 (33) Défense slave
Short-Jakovenko après 37.Dxg6

Après deux rondes, Dmitry Jakovenko occupe seul la tête du classement, avec deux victoires en deux parties. Après sa victoire d'hier sur Viktor Bologan, il a battu aujourd'hui Nigel Short. L'Anglais se laisse étrangement déroquer au 17e coup, et sera ensuite contraint d'affaiblir son aile-Roi par g4 pour pouvoir placer son Roi en g2. Jakovenko ne laisse pas passer l'occasion et se lance à l'assaut de cette aile affaiblie. Son avantage positionnel se concrétise par le gain d'un pion au 31e coup, et après une dernière erreur de Short (37.Dxg6?, voir diagramme), les Noirs contre-attaquent par 37...Dxh4+ 38.Rg1 Th5. Les attaques sur le Roi blanc combinées à la poussée des pions noirs contraignent les Blancs à rendre la pièce, avant de devoir abandonner au 51e coup.

Ronde 1 (11h00)
Dmitry Jakovenko - Viktor Bologan : 1-0 (46) Ouest-Indienne
Nigel Short - Sergei Rublevsky : 1-0 (62) Anglaise des 4 Cavaliers
Alexander Onischuk - Wang Yue : ½-½ (56) Grünfeld
Ruslan Ponomariov - Lazaro Bruzon Batista : ½-½ (28) Sicilienne Taïmanov
Alexander Motylev - Radoslaw Wojtaszek : 0-1 (123) Sicilienne Najdorf
Short-Rublevsky après 61...Ff7

Dans cette première ronde, à noter la victoire de Nigel Short sur Sergei Rublevsky. Le Grand Maître anglais a démontré que même en finale avec matériel réduit, il faut compter avec les ressources tactiques.

Dans la position ci-contre, Nigel Short, après avoir longtemps manoeuvré, est parvenu à placer idéalement ses pièces. Le gain s'obtient grâce à  62.Fxc6! En effet, après la capture du Fou par 62...Fxc6, les Noirs ne peuvent empêcher la promotion du pion "a".

Anatoly Karpov (DR)

Publié le , Mis à jour le

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Les réactions (3)

  • stantigone

    @ Lom : oh moins lui il joue aux échecs, il ne récite pas pour partager le point !

  • ins-1100

    Revoir Nigel Short c’est de la nostalgie mais pour les tournois actuels de haut niveau il est un peu short.

  • stantigone

    Encore aucun français invité ... Je suis tout de même content de revoir Nigel Short ...