Tournoi d'échecs interscolaire en Russie

Andrei Filatov
Le premier juin, la journée internationale de l’enfance, sera marquée à Dagomys par la finale de « La Tour Blanche », un tournoi d’échecs interscolaire.

Pour la deuxième année consécutive des enfants étrangers participeront aux épreuves à côté des écoliers russes. Et ils seront encore plus nombreux cette année. Particulièrement, l’invitation des élèves chinois est un grand succès de la fédération russe des échecs. Andrey Filatov, président de la fédération nous parle de ses activités et des compétitions.

M. Filatov, dans un temps très court, « La Tour Blanche » n'a pas seulement retrouvé son statut d'un tournoi à l'échelle nationale, mais est également devenu une compétition internationale. Comment la FRE a réussi à atteindre cet objectif?

— Tout d’abord je dois avouer que le « La Tour Blanche » est un projet spécial pour nous tous. C’est un tournoi avec 40 ans d’histoire. Moi-même j’y ai pris part quand j’étais écolier. Les enfants participants acquièrent une expérience colossale dans le jeu aussi bien que dans les communications. C’est cette expérience qui les aide à devenir de grands professionnels par la suite. Nous mettons vraiment du cœur dans ce projet. Ce n’est pas par hasard qu’il y a deux ans les jeux ont été ouverts par le président Poutine lui-même. C’était la première fois dans l’histoire de l’URSS et de la Russie qu’un chef d’État a personnellement visité un tournoi d’échecs.

L’année dernière le concours a acquis une dimension internationale. Les enfants de six pays sont venus à Dagomys. Les arméniens ont remporté la victoire. Cette année vous avez réussi à inviter les chinois. Vous le considérez comme un grand succès ?

— Bien sûr. Le jeu d’échecs en Chine progresse à pas de géant. L’équipe masculine a gagné les derniers Jeux olympiques. Hou Yifan est championne du monde d'échecs féminin sans rivale. La Chine a misé sur les échecs. Le fait que leurs élèves participent désormais à notre tournoi est un très bon signe pour la coopération entre nos pays dans le sport et dans d’autres domaines.

Depuis deux ans les écoliers russes qui remportent la Tour Blanche voyagent en Chine...

— Oui, nous organisons les « Jeux de l’amitié ». Ils ont été tenus pour la première fois à Pékin, et pour la deuxième fois à Shanghai. C’est une grande chance pour nos enfants de voir le monde et de prouver leurs talents. Je me demande comment les chinois joueront à Dagomys. Tout le monde sait qu’ils ne se battent que pour la première place. Les compétitions seront donc encore plus intéressantes. En plus nous accueillerons cette année les écoliers des pays baltes, venus d’Estonie et de Lettonie.

Cette année la Russie a obtenu le droit d’organiser le championnat du monde parmi les écoliers. Est-ce que la concurrence pour pouvoir accueillir cette épreuve a été grande ?

— Énorme. La Turquie, la Chine, l’Italie. Le fait que nous avons été sélectionnés, et que le championnat aura lieu à Sotchi, est très important.

Andrei Filatov

Récemment le centre éducatif présidentiel Siruis à Sotchi a ouvert l’école du 14ème champion du monde Vladimir Kramnik...

— Et c’est encore le président du pays en personne qui a inauguré cette école. Vladimir Poutine a déclaré que le pays aidera toujours les joueurs d’échecs, et que l’expérience de Kramnik nous permettra de former une nouvelle génération de grands maîtres. Mais le plus important, c’est que les écoliers de partout dans le pays ont reçu la possibilité de perfectionner leur jeu dans ce lieu unique. C’est important pour les régions. La Russie vit un boom d’échecs. Un bon nombre de gouverneurs l’ont déjà remarqué. Maintenant nombreux sont ceux qui veulent que leurs enfants jouent aux échecs et que les meilleurs gagnent le droit d’être formés par Kramnik. Vladimir Borisovich Kramnik lui-même a été entraîné à son tour à l’école de Botvinnik. Il a plus d’une fois souligné que cette expérience l’a aidé à devenir champion du monde. J’espère vraiment que les échecs seront désormais populaires dans les régions qui les connaissaient peu jusqu’à présent.

Vous êtes aussi actif dans des orphelinats ?

— « Le jeu d’échecs aux orphelinats » est un programme spécial de notre fédération. Nous trouvons des formateurs et fournissons le matériel nécessaire partout dans le pays : nous achetons des manuels, des échiquiers, des pendules. Ces enfants ne vont peut-être pas nécessairement devenir de grands maîtres, mais les échecs les aideront dans la vie. Et si chaque orphelinat a une section d’échecs (et ce sera ainsi !), cela signifiera que nous ne travaillons pas en vain. Actuellement plus de 300 orphelinats ont adhéré au programme et ce n’est que le début.

Ces projets sont appuyés par des sponsors ?

— Oui, la plupart de nos programmes sont devenus possible grâce au soutien de nos partenaires. Je remercie ces sociétés qui contribuent au développement du jeu d’échecs. Ils sont plus nombreux chaque année. Il y a beaucoup de sponsors privés qui aident des projets bien concrets ou bien leurs régions et qui ne veulent pas être nommés. La fondation d’Elena et Gennady Timchenko est notre partenaire permanent. Eux, ils nous aident avec les projets « Le jeu d’échecs dans les écoles » et « Le jeu d’échecs dans les musées ». Grâce à la société « Fosagro » de nombreuses activités sont devenues possibles. Nos sélections sont prises en charge par la société énergétique FGC UES. Nous sommes aidés par ECAR. Nous signerons bientôt un accord de coopération avec Renault-Russie, un grand constructeur de voitures. Et croyez-moi, ce n'est que le début. J’espère que le nombre de sponsors ira croissant et que chaque gouverneur voudra avoir la meilleure école et la meilleure équipe à la Tour Blanche.

Cette année vous avez vous-même rassemblé toute une collection de prix prestigieux. C’est la reconnaissance par l’UNESCO, mais aussi la Légion d’honneur, grande distinction attribuée par la France. Plus récemment, Vladimir Poutine, le Président de la Russie, vous a décoré par son décret de la médaille « Les mérites pour la patrie » du deuxième degré pour avoir contribué au développement de la culture physique et des sports. Selon une enquête des journalistes, vous êtes le gestionnaire le plus efficace dans le domaine du sport. Cela vous flatte ?

— Non, mais j’en suis très fier. Je crois que c’est la mise en valeur de toute notre fédération. Je suis fier que notre travail soit récompensé, bien que ce n’est pas pour avoir des récompenses que nous le fassions. Quand j’ai restauré à Paris la pierre tombale ruinée d’Alexander Alekhine, un grand champion d’échecs, je ne pensais pas que la République en fera une des raisons pour m’accorder sa plus haute distinction. Quand nous aidons des orphelinats, inaugurons le premier musée d’échecs qui connaît maintenant un développement extraordinaire, nous ne pensons pas aux prix ni aux médailles. Notre but est de rendre les échecs encore plus prestigieux qu’ils ne l’étaient au temps de l’URSS. Notre sport, c’est la force d’une nation d’intellectuels. Et nous ne sommes qu’au début d’un long voyage.

Kirill ZANGALIS

Les journalistes de The Telegraph ont reconnu que M. Filatov, Président de la Fédération Russe des Echecs et Vice-Président de la F.I.D.E. n'est pas associé avec la société Telecom Ltd Express, une société citée dans l'article Chess Drawn in the Panama Papers Scandal et se sont excusés pour cette erreur.