Coupe du Monde (1/4 de finale)

Svidler élimine Judit Polgar et Ponomariov sort Gashimov. Dans le départage, Grischuk l'emporte 1,5 à 0,5 sur Navara et Ivanchuk élimine Radjabov sur le même score.

La Coupe du Monde FIDE se déroule à Khanty-Mansiysk (Russie) du 28 août au 20 septembre 2011. Trois places sont qualificatives pour les matchs des candidats. «Les perdants des demi-finales se disputeront la 3e place en même temps et avec les mêmes règles que la finale.» Ashot Vardapetian, Chef Arbitre

Quatre joueurs français participaient à cette compétition qui a débuté immédiatement après le Championnat de France à Caen: Etienne Bacrot, Maxime Vachier-Lagrave, Laurent Fressinet et Sébastien Feller. 

Le montant total des prix est de 1.600.000 dollars américains (1.100.000€). Les joueurs éliminés au premier tour remportent $6.000 (environ 4.100€), au 2e tour $10.000 (6.900€), au 3e tour $16.000 (11.000€), au 4e tour $25.000 (17.000€), au 5e tour $35.000 (24.000€), en ½ finale $50.000 (34.500€), le perdant de la finale $80.000 (55.000€) et le vainqueur de la Coupe du Monde 2011 recevra $120.000 (82.500€).

Cadence: 90 minutes pour les 40 premiers coups, puis 30 minutes pour le reste de la partie, le tout avec un ajout de 30 secondes par coup.

Départages: En cas d'égalité après les deux parties classiques, le tie-break se jouera en deux parties rapides de 25 minutes + 10 secondes par coup, puis, si nécessaire, deux parties de 10 minutes + 10 secondes, puis deux blitz de 5 minutes + 3 secondes, et enfin, un blitz «Armageddon», avec 5 minutes pour les Bancs qui doivent gagner et 4 minutes pour les Noirs. 3 secondes par coup sont ajoutées avec le 61e coup.

 

Les résultats du cinquième tour (1/4 de finale)

Le premier nommé a les Blancs dans la première partie.

# Nom Elo Féd - Nom Elo Féd : P1 P2 TB
1 Peter Svidler (2739) RUS - Judit Polgar (2699) HUN : ½-½ 1-0 ---
2 Ruslan Ponomariov (2764) UKR - Vugar Gashimov (2760) AZE : ½-½ 1-0 ---
3 Vassily Ivanchuk (2766) UKR - Teimour Radjabov (2744) AZE : 1-0 0-1 1½-½
4 Alexander Grischuk (2746) RUS - David Navara (2722) CZE : ½-½ ½-½ 1½-½

[Le résumé des Départages: Parties N°2] Après sa victoire dans la première partie avec les Noirs, Alexander Grischuk semble avoir fait le plus dur contre « mister Fair Play », le Tchèque David Navara. Avec les Noirs, dans une défense Bogo-Indienne, Navara n'est pas arrivé à déstabiliser suffisamment la position pour espérer prendre un avantage.  La nulle au 69e coup élimine ce joueur sympathique.  

Vassily Ivanchuk a parfaitement défendu une finale inférieure avec les Noirs contre Teimour Radjabov. Avec les Blancs dans la seconde partie, l'Ukrainien reste fidèle à sa stratégie des parties classiques et joue une position technique, sans tactique, contre son dangereux adversaire. Les Dames sont échangées et seul un pion doublé en b6 rompt la symétrie de la structure des pions. Les grandes manoeuvres commencent, Ivanchuk gagne la paire de Fous en se laissant doubler lui aussi un pion, le pion doublé noir tombe au 39e coup et Radjabov est en zeinot. Après 53.hxg6 l'Azéri gaffe en reprenant par 53...fxg6 ? et sur 54.Fxb6! les Noirs perdent soit le Cavalier en b6, soit le Fou en d7 cloué. 

David Navara - Alexander Grischuk

[Le résumé des Départages: Parties N°1] David Navara, avec les Blancs, se trompe très vite contre la défense Caro-Kann d'Alexander Grischuk et plonge directement dans une position perdante.  15.Fd3 permet 15...d4 et surtout, après 16.Da4+ b5 17.Dxa6 Txe5+ le Roi blanc est déroqué. La Tour restée en h1 ne jouera que bien trop tard, le joueur russe ayant tout son temps pour développer une attaque gagnante.

La partie entre Radjabov (Blancs) et Ivanchuk fut beaucoup plus compliquée. Longtemps égale, un sacrifice de qualité de l'Ukrainien, compensé par un pion et la paire de Fous, est venu brouiller les cartes. L’Azéri se retrouve en retard au temps – 2'00'' contre 9'40'' au 35e coup - ce qui ne l'empêche pas de prendre un avantage grâce à sa qualité de plus. Après des échanges, les joueurs se sont retrouvés d'abord en finale: Tour+1 pion pour Radjabov vs. Fou+1 pion, puis Tour contre Fou, que l'Ukrainien parvint à annuler.

Vassily Ivanchuk - Teimour Radjabov

[Le résumé des Parties N°2] La journée a démarré par un sacrifice de pièce de Teimour Radjabov. Obligé de l'emporter pour aller au départage, 10.Cxg5 !? hxg5 11.Fxg5 forçait Vassily Ivanchuk à découvrir les idées et les pièges que son adversaire avait préparé à la maison. Le don du Fou des cases noires par 11...Fxc3+ semblait risqué, mais l'Ukrainien voulait absolument mettre son Roi à l'abri le plus vite possible. 16...Fxc6 aurait été plus fort que 16...dxc6 joué dans la partie, mais là où tout a basculé c'est après 21...Dd6 ??. Teimour Radjabov réfutait immédiatement ce mauvais alignement de la Dame noire sur son Roi par le très fort 22.Dg5 ! Une faute de calcul étonnante de la part de Vassily Ivanchuk, qui donne alors une Tour pour un hypothétique perpétuel contre un Radjabov avec 5 minutes à la pendule au 26e coup. Rien à faire, 1-0 au 28e coup.

Vassily Ivanchuk - Teimour Radjabov

A côté, 2 autres parties étaient beaucoup plus ternes. Gashimov et Ponomariov tricotaient leurs pièces sur le thème de l'Espagnole berlinoise et Navara contre Grischuk (déjà avec un retard important au temps dès le 15e coup), ont longtemps joué une position égale. Toutefois, petit à petit, David Navara a pris un léger avantage, matérialisé par le gain d'un pion doublé noir en f5 au 39e coup. Finalement, au moment de récolter les fruits de sa stratégie, le Tchèque ne voit pas 49.Cc3 ! avec un avantage décisif, préfère 49.Re5 ?! et Alexander Grischuk sauve miraculeusement le demi-point. Pendant ce temps-là, Gashimov se retrouvait avec un « mauvais » Fou contre un « bon » Cavalier pour Ponomariov. C'est là que Ponomariov est le plus dangereux. Avec seulement un léger avantage, il est prêt à torturer son adversaire pendant des heures. Il faudra attendre le contrôle du temps pour voir un peu d'animation. Ensuite, comme trop souvent, la cadence ne permettant pas de jouer correctement les finales, des fautes seront commises ici et là. A partir du 60e coup Vugar Gashimov ne jouait plus qu'avec l'incrément de 30 secondes. Lors de la finale Cavalier et pion 'a' contre Fou, Josif Dorfman affirmait qu'il avait annulé cette position contre Stein en 1971. De l'autre côté, les tables de Nalimov affirmaient que c'était mat ! Les tables ont gagné, et c'est ainsi que celui qui pour beaucoup restait le grand favori de cette coupe du monde a quitté la Sibérie. 

La partie entre Judit Polgar et Peter Svidler donna lieu à une Sicilienne très tendue dès l'ouverture. Sans nouveauté théorique retentissante, on a senti que pour ces deux belligérants, grands connaisseurs du « labyrinthe Sicilien », tout pouvait se jouer sur un détail, un coup de retard ici ou là, voire une menace mal évaluée. Svidler a égalisé confortablement, mais les choses sont devenues intéressantes après le 20e coup, quand Polgar a donné un pion pour déroquer le Roi noir, bloquant ainsi, pendant quelques coups, une Tour en h8. Ajoutons un Fou blanc en b3 beaucoup plus fort que le « mauvais » Fou noir en f6, la case d5, un pion arriéré en d6 et les compensations blanches semblaient suffisantes. Suffisantes, mais seulement pour l'équilibre. Avant même le contrôle du temps l'initiative blanche s'est essoufflée et Svidler a pu débuter sa contre-attaque. En manque de temps, Judit Polgar commet une faute importante par 39.h4 ? et c'est déjà fini ! Un pion passé en e3 qui doit rester sous surveillance, un alignement Tc4-De2 sous la menace ...d5, le pion blanc en b2 en prise, c'est beaucoup trop, et la Hongroise doit s'incliner. 

Peter Svidler - Judit Polgar

[Le résumé des Parties N°1] Inutile de s'appesantir sur la partie entre Ponomariov et Gashimov, Vugar «innove» par 11...Dd8, au lieu de 11...Ce4 joué dans une rencontre entre Zhao Jun (2586)-Zhou Jianchao (2668), Manila 2010, 1-0 (71) et Ruslan accepte la répétition des coups. Mauvais choix d'ouverture ? Stratégie de match ? Fatigue ? Peut-être aurons-nous une réponse lors de la conférence de presse.

Judit Polgar revient sur la variante Grivas de la Sicilienne avec 4...Db6, avec laquelle la Hongroise l'avait emporté contre Leinier Dominguez dans la deuxième partie classique. Peter Svidler n'est donc pas surpris, choisit une ligne avec un pion blanc en c4, mais 8...d5 vide le centre de tous les pions. La position n'est cependant pas équilibrée, le Roi noir n'ayant pas encore roqué. Judit Polgar, suite à son long et très tendu départage de la veille, a besoin de repos et n'hésite pas à donner un Fou pour un échec perpétuel. Une bonne affaire. 

Dans une défense Indienne de la Dame, aussi connue sous le nom de Ouest-Indienne à l'époque de la guerre froide, David Navara, avec sa timide nouveauté 10...Fxc1, semblait vouloir une nulle rapide. Alexander Grischuk ne l'entendant pas de cette oreille, le duel a eu lieu. Ce n'est plus une surprise pour personne, le Russe prend énormément de temps. Néanmoins, même si après 24.h4 sa pendule n'affichait que 10 minutes, Grischuk possédait un léger avantage: pion isolé noir en c5 et domination de la diagonale a1-h8 par la Dame blanche postée en a1. Navara a réagi comme il le fallait et s'est empressé de se débarrasser de son pion faible. Avec moins de 2 minutes Grischuk joua ensuite 28.Da5 et proposa la nulle. La liquidation de l'aile-dame amenant une position totalement équilibrée, Navara accepta.

La variante Dragon de la Sicilienne de Teimour Radjabov était évidemment prévue par Vassily Ivanchuk. Et l'Ukrainien est malin. Au lieu de plonger dans les grandes variantes, souvent tactiques, dans lesquelles son adversaire serait certainement à l'aise, Ivanchuk a conduit la partie vers du jeu positionnel. Avec pratiquement toutes les pièces sur l'échiquier et moins d'espace, Radjabov ne pouvait donner libre cours à son jeu dynamique et a dû patienter. Après une vingtaine de coups les deux joueurs avaient dépensé pas mal de temps, puisqu'ils leur restaient : 30 et 20 minutes. Les Blancs étaient un peu mieux grâce à leur espace et deux Cavaliers bien postés. Vassily prit son temps pour préparer son action et quand 28.Cf6+ ! surgit sur l'échiquier, Radjabov, qui n'avait plus que 7 minutes à la pendule, commit immédiatement une erreur qui le laissait avec seulement Tour+Fou contre sa Dame. L'initiative blanche n'ayant pas faiblit pour autant, Teimour dut abandonner une qualité quelques coups plus tard, avant de déposer les armes. 

Judit Polgár (HUN), 35 ans
Piotr Svidler (RUS), 35 ans
Vugar Gashimov (AZE), 25 ans
Ruslan Ponomariov (UKR), 28 ans
Vassili Ivantchuk (UKR), 42 ans
Teimour Radjabov (AZE), 24 ans
David Navara (CZE), 26 ans
Alexander Grischuk (RUS), 28 ans

Judit Polgár, Polgár Judit dans l’ordre usuel en hongrois, est née le 23 juillet 1976. Meilleure joueuse mondiale avec une très confortable avance, elle ne participe plus aux compétitions réservées aux femmes, mais se confronte à l'élite mondiale masculine.


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Les réactions (7)

  • jujuju

    Fisher72 --> d'accord avec toi !

  • ins-1055

    dommage pour judit ,elle sort avec les honneurs.
    SUPER tchouki.
    va t il retrouver ponomariov en final pour une revanche?

  • ins1156908

    Juju oui donner la Dame est désespéré...mais esthétiquement c'est quand même la classe !

  • ins1156908

    wnxv00 veuillez citer vos sources svp indezdom bravo en effet Tchouki s'il est distrait peut donner un fou sec mais ce n'est pas dans ses habitudes de lacher du matos d'accord avec vous il sait très bien ce qu'il fait

  • jujuju

    merci. Il s'est donc retrouvé dans une situation déjà critique sans l'avoir vu...