Le Cap d'Agde 2006 (Finale)

Echecs au Cap : l'évènement sportif de l'automne ! Les septièmes rencontres Nationales et Internationales d'échecs se tiendront du 26 Octobre au 2 Novembre 2006 au Cap d'Agde. Parties et audio en direct. Vidéos. Phases éliminatoires et Finale.

Les directs

Site officiel : www.agdechecs-ccas.com Les images exclusives du Master, le son des commentaires et bien sûr les parties en direct !

Vous pouvez aussi suivre le direct et l'audio sur www.echecs.com/live

A noter l'ouverture du site officiel du GMI Laurent Fressinet : www.laurentfressinet.com

Commentaires audio

Ecoutez les commentaires audio des MF Jean-Claude MOINGT (Président de la fédération française des Echecs), MF Laurent VERAT, MI Arnaud PAYEN, du GMI Darko Anic, du GMI Gilles Mirallès, du GMI Arnaud Hauchard et à l'occasion, du GMI Bachar Kouatly, du GMI Anatoly Vaïsser, du GMI Maxime Vachier-Lagrave, sans oublier Almira Skripchenko, diffusés pendant les directs des parties dans la salle de jeu.

Vidéos

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  Vidéo 1 : Interviews Masters 1 avec Almira Skripchenko, Etienne Bacrot, Harikrishna Pentala et Laurent Fressinet.
  Vidéo 2 : Le jeu dans la diversité Quelques impressions du public.
  Vidéo 3 : Interviews Masters 2 avec Laurent Fressinet, Marie Sebag, Sergey Karjakin et Harikrishna Pentala.
  Vidéo 4 : Interviews Masters 3 avec Almira Skripchenko, Laurent Fressinet, Maxime Vachier-Lagrave et Magnus Carlsen.
  Vidéo 5 : La sécurite, l'hébergement, la cuisine et le ménage au Cap d'Agde.
  Vidéo 6 : Interviews Masters 4 avec Marie Sebag, Magnus Carlsen, Etienne Bacrot et Parimarjan Negi.
  Vidéo 7 : Interviews Masters 5 avec Almira Skripchenko, Sergey Karjakin, Humpy Koneru et Maxime Vachier-Lagrave.
  Vidéo 8 : Partenaires La FSGT, la FFE, etc.
  Vidéo 9 : Familles Les familles aussi profitent du Cap d'Agde.
  Vidéo 10 : Interviews Masters 6 avec Almira Skripchenko, Sergey Karjakin, Marie Sebag, Magnus Carlsen, Harikrishna Pentala, Laurent Fressinet et Alexandra Kosteniuk.
  Vidéo 11 : Impressions Le GMI Bachar Kouatly et le MI Sébastien Mazé expriment leur vision du jeu d'échecs.
  Vidéo 12 : Interviews Masters 7 avec Alexandra Kosteniuk, Marie Sebag, Sergey Karjakin, Humpy Koneru, Maxime Vachier-Lagrave, Parimarjan Negi, Etienne Bacrot, Anatoly Karpov, Laurent Fressinet, Antoaneta Stefanova, Teïmour Radjabov, Andreï Volokitin et Zhao Xue.
  Vidéo 13 : A venir, un petit film sur les tics et manies des participants du Cap d'Agde 2006...

Galerie de photos

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Résultats des Opens

Tous les résultats des Opens se trouvent sur le site officiel : www.agdechecs-ccas.com

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Teïmour Radjabov remporte le Cap d'Agde 2006 avec brio !!

Finale

  Sergey Karjakin (2672) - Teïmour Radjabov (2729) : ½-½
  Teïmour Radjabov (2729) - Sergey Karjakin (2672) : 1-0

Demi-finale

Mercredi 01 novembre - Match 2
  Andreï Volokitin (2645) - Teïmour Radjabov (2729) : 0-1
  Teïmour Radjabov (2729) - Andreï Volokitin (2645) : 1-0

Mercredi 01 novembre - Match 1
  Sergey Karjakin (2672) - Magnus Carlsen (2698) : ½-½
  Magnus Carlsen (2698) - Sergey Karjakin (2672) : 0-1

Photos publiées avec l'aimable autorisation de www.kosteniuk.com

Quarts de finale

Lundi 30 octobre - Match 1
  Sergey Karjakin (2672) - Zhao Xue (2467) : 1-0
  Zhao Xue (2467) - Sergey Karjakin (2672) : 1-0

Départages 1 - Match 1 (parties de 3+2)
  Sergey Karjakin (2672) - Zhao Xue (2467) : 1-0
  Zhao Xue (2467) - Sergey Karjakin (2672) : ½-½

Lundi 30 octobre - Match 2
  Teïmour Radjabov (2729) - Etienne Bacrot (2705) : 1-0
  Etienne Bacrot (2705) - Teïmour Radjabov (2729) : 0-1

Mardi 31 octobre - Match 3
  Magnus Carlsen (2698) - Laurent Fressinet (2640) : 1-0
  Laurent Fressinet (2640) - Magnus Carlsen (2698) : 0-1

Mardi 31 octobre - Match 4
  Andreï Volokitin (2645) - Harikrishna Pentala (2674) : ½-½
  Harikrishna Pentala (2674) - Andreï Volokitin (2645) : ½-½

Départages 1 - Match 4 (parties de 3+2)
  Andreï Volokitin (2645) - Harikrishna Pentala (2674) : 1-0
  Harikrishna Pentala (2674) - Andreï Volokitin (2645) : 1-0

Départages 2 - Match 4 (parties de 3+2)
  Andreï Volokitin (2645) - Harikrishna Pentala (2674) : 1-0
  Harikrishna Pentala (2674) - Andreï Volokitin (2645) : 1-0

Départages 3 - Match 4 (parties de 3+2)
  Andreï Volokitin (2645) - Harikrishna Pentala (2674) : 1-0

Liste des participants 2006

1Teïmour RadjabovAZE(2729)
2Etienne BacrotFRA(2705)
3Magnus CarlsenNOR(2698)
4Harikrishna PentalaIND(2674)
5Sergey KarjakinUKR(2672)
6Anatoli KarpovRUS(2668)
7Andreï VolokitinUKR(2645)
8Laurent FressinetFRA(2640)
9Maxime Vachier-LagraveFRA(2579)
10Parimarjan NegiIND(2538)
11Humpy KoneruIND(2545)
12Alexandra KosteniukRUS(2534)
13Antoaneta StefanovaBUL(2489)
14Marie SebagFRA(2471)
15Zhao XueCHN(2467)
16Almira SkripchenkoFRA(2427)

Entretien avec Pentala Harikrishna, par Georges Bertola

GB : Aujourd'hui avec 2674 Elo, vous êtes le deuxième joueur indien derrière Anand et l'on vous connaît surtout parce que vous avez remporté le titre de champion de monde junior 2004 ainsi qu'un passage au Youngmasters Lausanne en 2005. Avez-vous quelques événements à ajouter à votre palmarès ?

Pentala Harikrishna : En 2005, j'ai partagé la première place avec Gelfand dans un catégorie 17 aux Bermudes, gagné un catégorie 15 en Chine, un catégorie 16 à Essen et une deuxième place au très fort tournoi de Pampelune, derrière Ponomariov. Cette année, j'ai remporté un catégorie 15 en Hongrie et un duel avec le système Fischer Random contre Naiditsh sur le score de 4,5-3,5.

GB : D'où venez-vous plus exactement ?

Pentala Harikrishna : De Hyderabad, la 5ème ville d'Inde, ce qui m'oblige à beaucoup voyager car la plupart de tournois importants se jouent aujourd'hui en Europe.

GB : Qu'est-ce que vous pensez de la formule du tournoi ici au Cap et des tournois mixtes en général ?

Pentala Harikrishna : J'ai déjà eu l'occasion de jouer contre plusieurs féminines et j'ai perdu contre Stefanova. Je pense que les tournois mixtes sont surtout intéressants pour le public et cette une bonne idée pour populariser le jeu. Il faut s'adapter au goût du public si l'on veut continuer à jouer et trouver des sponsors. Les tournois rapides ont de l'avenir. Par exemple, ici j'ai remarqué qu'il y avait plus de spectateurs pour assister aux blitz qu'aux parties semi- rapides. Bien sûr, cela ne se fait pas sans affecter la qualité du jeu mais c'est dans l'air du temps. En Inde, le cricket est le sport le plus populaire et l'on a réduit la durée des matches pour répondre aux besoins du public.

GB : Aimez-vous les cadences rapides parce que elles évitent de perdre des points Elo ?

Pentala Harikrishna : Je préfère les échecs classiques. Le jeu rapide est différent, donc il devrait y avoir des classements distincts pour chaque discipline.

GB : Toute la nouvelle génération des jeunes talents indiens doit beaucoup à Vishy Anand. Que représente-t-il à vos yeux ?

Pentala Harikrishna : C'est une superstar. Toutes ses apparitions, dans des simultanées et autres manifestations, sont très médiatisées. Il est constamment suivi par des dizaines de journalistes et c'est grâce à lui que les échecs sont devenus populaires dans mon pays. Maintenant, il est possible de devenir un joueur professionnel, alors qu'il y a encore une vingtaine d'années ce n'était pas le cas.

GB : Cette année l'équipe indienne aux Olympiades de Turin était une des meilleures sur le papier mais vous avez régressé par rapport à Calvia d'une quinzaine de rangs. Comment l'expliquez-vous ?

Pentala Harikrishna : Anand était fatigué par son tournoi, qui venait de se terminer à Sofia, et Sasikiran aussi. Je jouais sur le troisième et il y avait un problème sur le quatrième.

GB : Le fait que le premier échiquier soit hors forme, vous a donc posé un problème ?

Pentala Harikrishna : Oui, bien sûr, il y a plus de pression et je devais impérativement jouer pour le gain. Dans une autre situation, nous aurions été plus en confiance.

GB : Connaissez-vous les livres de Kasparov consacré à ses grands prédécesseurs ?

Pentala Harikrishna : Oui, c'est un gros travail et je pense qu'il est important que les jeunes joueurs puissent connaître l'histoire des échecs.

GB : Quels sont les grands champions de l'histoire qui ont votre préférence ?

Pentala Harikrishna : Ils sont tous très différents et ils ont tous enrichi le jeu. Fischer, Kasparov et Alekhine sont mes préférés.

GB : Un tel choix définit en quelque sorte votre style, ce sont trois joueurs qui privilégient l'initiative, le dynamisme et l'attaque par rapport au matériel ?

Pentala Harikrishna : Oui, c'est sûr que je préfère l'attaque au jeu défensif et très solide de Petrossian, par exemple.

GB : La question incontournable, quel est votre objectif ?

Pentala Harikrishna : Progresser, avec, bien sûr, l'intention d'obtenir le titre de champion du monde.

Entretien avec Parimarjan Negi, par Georges Bertola

GB : Vous êtes l'une des révélations de l'année 2006, actuellement le plus jeunes GM en exercice et à ma connaissance encore peu connu si ce n'est une norme de GM à Hastings cette année?

Parimarjan Negi : Je viens de New Delhi, j'ai appris à jouer à 5 ans avec un ami de mon père qui connaissait les règles sans être un bon joueur. En 2004, j'ai commencé la compétition et en 2005 mes premiers tournois à l'étranger, puis en 2006, j'ai réalisé les 3 normes de GM.

GB : Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans le jeu ?

Parimarjan Negi : J'aime surtout la logique et dans la compétition les duels et les complications. Dès que j'ai obtenu des bons résultats, j'ai été soutenu par ma famille ce qui a facilité ma progression.

GB : Vous consacrez-vous donc pleinement au jeu ?

Parimarjan Negi : Non, pas encore, lorsque je ne joue pas je poursuis mes études au lycée en 8ème année.

GB : Avez-vous en arrière pensée l'ambition d'être un professionnel voire même champion du monde ?

Parimarjan Negi : Tout d'abord, je veux devenir un professionnel.

GB : Cinq jeunes Indiens, médaille d'or dans diverses compétitions au championnat des jeunes de Batoumi, est-ce une génération spontanée ?

Parimarjan Negi : Non, c'est un phénomène récent, les échecs sont devenus populaires chez les moins de 8 ans. Depuis 2000, le jeu est surtout populaire au sud de l'Inde, il y a des clubs dans toutes les grandes villes avec des entraîneur locaux pour repérer les jeunes talents.

GB : Combien y-a-t-il de joueurs actuellement classés FIDE en Inde ?

Parimarjan Negi : Je ne sais pas vraiment, entre 1000 et 1500 (selon Gérard Demuydt 2568, en comparaison avec la France 4785).

GB : Comment expliquer cette soudaine progression ?

Parimarjan Negi : La popularité des échecs est due au succès énorme rencontré par Vishy Anand, premier Indien à avoir obtenu le titre de championnat de monde FIDE.

GB : Avez-vous déjà joué contre Anand ?

Parimarjan Negi : Non, mais je l'ai rencontré et c'est mon modèle.

GB : Et Karpov ?

Parimarjan Negi : Je n'étais pas dans son groupe mais c'est un joueur que j'admire et j'aime son style.

GB : Quel rôle a l'ordinateur dans les échecs ? J'ai entendu dire que vous préfériez suivre les parties sur le Net plutôt que d'être présent dans la salle de jeu.

Parimarjan Negi : Ce n'est pas tout à fait exact, c'est vrai que je suis souvent devant l'écran mais j'aime aussi observer les joueurs.

GB : Qu'est-ce qui distingue l'ancienne de la nouvelle génération ?

Parimarjan Negi : Evidemment, tout a changé. Les jeunes progressent beaucoup plus vite avec les bases de données et la préparation dans les ouvertures assistée par ordinateur.

GB : Est-ce que vous conserverez un bon souvenir de ce tournoi ?

Parimarjan Negi : Tout était parfait. C'est la première fois que j'ai joué un 2700 et je me souviendrai de ma partie contre Radjabov. (Match nul!)

GB : Vos projets à court terme ?

Parimarjan Negi : Un tournoi en Inde en novembre et en décembre un match contre Katerina Lahno à New Dehli.

Entretien avec Anatoly Karpov, par Georges Bertola

GB : Anatoly, on ne vous présente plus, vous êtes entré dans la légende avec vos duels extraordinaires face à Kasparov et Kortchnoï. Qu'est-ce qui a fondamentalement changé dans la compétition à l'aube du 3ème millénaire ?

Anatoly Karpov : Avec l'arrivée des ordinateurs, beaucoup de choses ont changé à la fois pour le jeu et les joueurs, la préparation, les parties. Tout n'est pas mauvais, l'analyse et l'information sont plus faciles d'accès. Notre génération construisait sur des idées et des systèmes alors qu'aujourd'hui l'analyse se fait au coup par coup, assistée par ordinateur, avec sur le plan pratique de bons résultats mais au détriment de la compréhension de l'essence de la position.

GB : A cette époque, aviez-vous conscience d'être perçu en Occident comme un apparatchik, au service d'un monde totalitaire, opposé au vent nouveau qui alimentait la dissidence et l'esprit de liberté ?

Anatoly Karpov : Oui, c'était l'héritage du match Fischer -Spassky.

GB : Avez-vous souffert de cette vision manichéenne et caricaturale ? Curieusement, un quart de siècle après, cette vision a tendance à s'inverser.

Anatoly Karpov : Oui, mais à l'époque j'étais dans une autre situation, les temps ont changé.

GB : Pour être plus concret, aujourd'hui vous êtes associé à des œuvres caritatives, vous parcourez le monde entier pour promouvoir les échecs, vous répondez toujours présent en prenant des risques pour descendre dans l'arène des échecs spectacles. A 55 ans où trouvez-vous encore cette motivation et cette énergie ?

Anatoly Karpov : J'ai toujours été impliqué dans des œuvres humanitaires, c'est une partie de ma vie. Aujourd'hui si je continue à jouer, c'est surtout pour me maintenir à un haut niveau. Comme vous le savez, je ne travaille plus beaucoup les échecs, cela représente les 30% de mon activité. Ma compréhension du jeu reste bonne, malgré les années. Mais ce n'est pas seulement un problème de différence d'âge, les jeunes s'entraînent et s'impliquent à 100%, ils sont devenus complètement professionnels.

GB : Bachar Kouatly semble vous avoir cerné avec ce portrait intéressant « Anatoly Karpov aime d'abord le mouvement. Pour lui, la vie c'est surtout voyager et rencontrer des gens et il a pu pleinement réaliser ce voeu avec les échecs. C'est avant tout un joueur animé par un extraordinaire « fighting spirit » contrairement à Kasparov qui cherche à se démontrer à lui-même et à ses proches qu'il pourrait atteindre le Graal. » Vous reconnaissez-vous ?

Anatoly Karpov : Oui, c'est assez proche.

GB : Kasparov vous a consacré un livre, le 5ème de la série « Mes grands prédécesseurs ». Avez-vous un commentaire sur son travail ?

Anatoly Karpov : Contrairement aux autres volumes où je ne suis pas sûr de l'auteur, je pense que celui-ci a été écrit par Kasparov. Il m'a consulté à plusieurs reprises lors de nos dernières rencontres ou voyages et sur le plan des analyses c'est un bon travail. Pour le reste, je n'ai pas pris le temps de le lire.

GB : Ici au Cap, nous avons pu voir à l'œuvre le futur des échecs. Quels sont ceux qui ont l'étoffe pour endosser le costume de champion du monde ?

Anatoly Karpov : Carlsen me semble le plus intéressant et le plus profond, il a une vision limpide du jeu. Karjakin s'appuie sur sa mémoire et ses connaissances, sa manière de jouer est plus mécanique et je n'aime pas trop. Si l'on joue comme un ordinateur, on ne peut pas devenir champion du monde, c'est pour cette raison que je donne une légère préférence à Carlsen.

Pour les féminines, Koneru a une compréhension plus profonde que la jeune Chinoise Zhao mais cette dernière a un plus grand esprit de lutte et plus de force sur le plan mental.

GB : Je vous ai écouté et trouvé très critique sur le championnat du monde qui vient de se jouer à Elista, notamment avec ce jugement. « C'est le plus mauvais match auquel j'ai pu assister ». Pouvez-vous préciser votre pensée ?

Anatoly Karpov : Il y a eu beaucoup trop de fautes. Par exemple, dans les 2 premières du match Topalov a obtenu un net avantage dans la première et une position gagnante dans la deuxième. Il encaisse deux défaites. Ensuite, son entourage a provoqué des complications extra-échiquéennes qui ont déstabilisé Kramnik et lui ont fait perdre sa forme. C'est un match important pour l'histoire de la réunification du titre mais le plus faible sur le plan de la qualité du jeu.

GB : Trouvez-vous encore un sens à la rencontre qui opposera Fritz 10 à Kramnik, alors que selon la rumeur ce dernier ne semble pas disposer à accorder une revanche à Topalov, ni à jouer à Mexico ? Si c'est le cas, Topalov semble aujourd'hui dans une situation invraisemblable car éliminé du prochain cycle ?

Anatoly Karpov : A la place de Kramnik, je n'aurais pas poursuivi le match et je n'aurais en aucune façon été jouer au Mexique. Pour désigner le challenger, un tournoi match réunissant 4 joueurs est un maximum. En ce qui concerne la situation de Topalov, je pense qu'à l'origine, ses amis au sein de la FIDE n'avaient pas prévu que Kramnik puisse gagner le match. Pour reprendre un dicton russe « Ne pousse pas l'autre dans le trou car tu pourrais y tomber toi-même.» C'est pour cette raison qu'il apparaît incroyable de ne pas avoir prévu une place pour le perdant du match Topalov-Kramnik.

GB : La nouvelle règle de la FIDE pour défier le champion du monde qui s'appuie sur un Elo supérieur à 2700 et une bourse d'un million de dollars, vous inspire-t-elle un commentaire ?

Anatoly Karpov : C'est complètement absurde. Ce n'est pas du seul ressort de la FIDE de décider qui peut jouer, ou alors ce n'est plus qu'un problème économique et nous revenons au temps de Lasker et de Capablanca. (Du temps de Lasker et Capablanca, au début du siècle dernier, les champions ou leurs prétendants devaient trouver des mécènes pour financer les championnats du monde successifs.)

Entretien avec Antoaneta Stefanova, par Georges Bertola

GB : Avec Topalov vous avez porté simultanément les échecs bulgares sur le devant de la scène avec deux titres de champions du monde. Y a t il eu des conséquences bénéfiques mesurables en Bulgarie ?

Antoaneta Stefanova : Oui, naturellement il y a eu un grand intérêt médiatique. Nous sommes reconnus comme un sport mais malheureusement pas comme un sport olympique. Dans les faits, pourtant, pas de nouveaux évènements que ce soit des tournois féminins ou mixtes, pas assez de retombées concrètes.

GB : Depuis que vous avez obtenu le titre suprême, cela a-t-il modifié le cours de votre existence ?

Antoaneta Stefanova : Oui, la vie est devenue plus difficile (avec un grand sourire). Plus sérieusement, je suis très heureuse d'avoir obtenu le titre. Avec le système KO par élimination directe, il ne faut pas seulement être une forte joueuse mais il faut aussi un peu de chance. Par contre, lorsque on est championne du monde il y a beaucoup plus de pression dans les parties de la part des adversaires mais comme je n'ai plus le titre ce n'est plus vraiment le cas.

GB : Lorsque l'on a atteint l'objectif, que peut -on encore désirer obtenir du monde des échecs ? Tal aimait à ironiser en affirmant que le seul titre que l'on ne vous dérobera plus est celui d'ex-champion du monde.

Antoaneta Stefanova : Il n'y a pas que le titre. Aujourd'hui je veux encore jouer avec l'idée de progresser, d'élever le niveau de mon jeu et par conséquent mon Elo.

GB : La disparition de nombreux tournois ne vous fait-elle pas douter sur une carrière basée essentiellement sur les échecs. Avez-vous déjà envisagé une autre voie ou une reconversion ?

Antoaneta Stefanova : En ce qui concerne les échecs féminins la situation est plutôt mauvaise. Avec un seul tournoi féminin en Russie par an et quelques autres, deux ou trois, c'est très difficile d'être une joueuse professionnelle et surtout d'en vivre. J'espère que les choses iront dans le bon sens, mais ce sera très lent.

GB : Avez-vous un commentaire sur la formule du tournoi ici au Cap ?

Antoaneta Stefanova : Oui, naturellement c'est très bien. La vérité c'est que c'est un tournoi très difficile car les féminines n'ont pas beaucoup d'occasions de jouer à un tel niveau.

GB : Justement en compagnie de Zhao et Koneru vous avez élevé les échecs féminin à un niveau rarement atteint. Il s'en est fallu d'un cheveu que vous ne disputiez un barrage avec Harikrisna si vous aviez pu concrétiser contre Marie Sebag. Quel est le plus fort joueur que vous avez battu ?

Antoaneta Stefanova : Je n'aime pas donner de noms mais j'ai battu plusieurs joueurs au-dessus de 2600.

GB : Partagez-vous l'opinion de Radjabov qui pense que au plus haut niveau il faut séparer les genres comme au tennis et éviter la mixité ?

Antoaneta Stefanova : Les enjeux sont différents. Je pense que c'est bien pour les femmes car cela permet d'élever leur niveau. Mais c'est aussi une occasion d'avoir un prix car dans les opens il n'y a généralement qu'un seul prix destiné à la meilleure féminine et quelquefois c'est un prix dérisoire.

GB : Topalov battu 2 fois à Essen par Judit Polgar cela vous inspire un commentaire ?

Antoaneta Stefanova : Ok, il était très fatigué après son match contre Kramnik. Aujourd'hui il perd, demain il gagnera.

GB : Les 4 joueurs qualifiés sont certainement les plus prometteurs de la nouvelle vague, ils ont tous un potentiel pour atteindre les sommets de l'Olympe. Quel est celui ou ceux qui ont votre préférence ?

Antoaneta Stefanova : Tous sont très talentueux, peut-être Radjabov ou Carlsen mais ils ont tous leur chance, cela dépendra d'abord d'eux-mêmes.

GB : Le mach Topalov-Kramnik a-t-il vraiment réunifié le monde des échecs ?

Antoaneta Stefanova : Je n'ai pas de commentaires, je n'y étais pas... Je souhaitais que Topalov gagne, ils sont tous les deux très forts et il n'y a pas beaucoup de différence entre eux.

En conclusion, je voudrais préciser ma pensée en ce qui concerne l'avenir des échecs féminins. Pour le moment, il y a assez de tournois chez les hommes pour le Top 10 ou Top 20, voire même Top 50. Chez les femmes, même pour le Top 5, il n'existe pas ou peu de tournois pour assurer une vie professionnelle. De plus, la plupart des meilleurs joueurs peuvent se consacrer essentiellement aux échecs sans aller à l'université voir même à l'école.

Ce qui n'est le cas pour les femmes. Sans un circuit avec des tournois comparables à ceux de Dortmund, Linares, Sofia etc. il y n'aura pas beaucoup d'avenir pour les échecs féminins.

Entretien avec Magnus Carlsen, par Georges Bertola

GB : Vous êtes l'un des plus jeunes GM de toute l'histoire du jeu et celui qui aujourd'hui, depuis le retrait de Kasparov, rencontre le plus d'intérêt auprès des médias. On ne vous présente donc plus, mais quelles sont les étapes importantes de votre fantastique ascension ?

Magnus Carlsen : Champion du monde des moins de 10 ans en 2000, ma première norme de MI en 2003 au Danemark (Politiken Cup) et ma première norme de GMI à Wijk aan Zee en 2004. (Magnus réalisa ses deux autres normes en moins d'une année à Moscou et Dubaï pour devenir GMI en avril 2004).

GB : Votre progression est constante, une deuxième place à Bienne cette année devant Radjabov. Qu'avez-vous ressenti après avoir battu à deux reprises le vainqueur, Morozevich, l'un des meilleurs joueurs du monde ?

Magnus Carlsen : Deux parties très combatives et très intéressantes. C'était le plus fort joueur que j'ai réussi à battre et j'étais très heureux même si j'ai eu un peu de chance. Ces deux victoires ont sauvé mon tournoi.

GB : La Norvège n'est pas considérée comme une puissante nation échiquéenne, quelque chose a-t-il changé depuis vos succès répétés ? Cela a-t-il crée une émulation avec d'autres jeunes talents en perspectives ?

Magnus Carlsen : Oui, je le pense. Beaucoup plus de jeunes jouent dans les écoles et ils aimeraient tous devenir comme moi, les échecs sont devenus plus médiatisés.

Mais avant moi, il y avait Agdestein qui était à la fois un très fort joueur et un excellent footballeur.

GB : Vous êtes qualifié pour le prochain cycle, comment se fait-il que ce match n'a pas pu trouver un sponsor en Norvège. Quand et où aura-t-il lieu ?

Magnus Carlsen : En Norvège, ils ont tout essayé mais sans succès. Le match se déroulera probablement en avril, peut-être à Elista mais ce n'est pas sûr.

GB : Bénéficiez-vous des conseils de Kasparov, êtes-vous régulièrement en contact avec lui ?

Magnus Carlsen : Oui, en 2005, j'ai bénéficié de quelques séances d'entraînement avec Kasparov. Cette année, nous n'avons plus vraiment eu de contact.

GB : Avez-vous un commentaire sur la formule du tournoi ici au Cap ?

Magnus Carlsen : J'aime beaucoup jouer les échecs rapides. Ce sont des parties excitantes sans risque de perdre des points Elo.

GB : Lors d'un de vos passages à Lausanne vous n'aviez pas été particulièrement impressionné par les échecs féminins après votre victoire contre Katarina Lahno. Portez-vous toujours le même regard sur les féminines ?

Magnus Carlsen : Pour ce tournoi, j'ai été très surpris car elles ont joué mieux que je ne le pensais. Toutefois, les hommes ont un meilleur niveau de jeu.

GB : Jusqu'ici au Cap quel est le joueur qui vous a posé le plus de problèmes ? Comment jugez-vous votre match contre Fressinet ?

Magnus Carlsen : J'ai été complètement perdu dans deux parties ; contre Karpov et Volokitin. En ce qui concerne mon match contre Fressinet, qu'est-ce que je peux dire ? J'ai joué à mon meilleur niveau mais ce n'était probablement pas le cas pour lui.

GB : Demain vous partagez l'affiche avec Karjakin, vous êtes considérés tous les deux comme les espoirs les plus prometteurs de la nouvelle vague. Considérez-vous ce duel de prestige comme présentant un enjeu particulier ?

Magnus Carlsen : Oui, c'est un duel de prestige mais nous aurons de matchs plus importants dans le futur.

GB : En 2007, avez-vous déjà des invitations pour les plus grands tournois ? Je crois savoir que vous jouerez à Wijk aan Zee. Qu'en est-il de Linares, Sofia, Dortmund et Bienne ?

Magnus Carlsen : Wijk aan Zee et le tournoi exhibition de Monaco. Pour le reste, rien n'est encore décidé.

GB : En ce qui me concerne, je suis ébloui par l'apparente facilité avec lequel vous conduisez vos parties, jamais de problème à la pendule. Une tendance à préférer la dynamique au matériel, vous jouez indifféremment pour le gain avec les Blancs ou les Noirs, nullement inquiété par les complications ? Vous reconnaissez-vous dans ce portrait qui rappelle celui de Fischer ?

Magnus Carlsen : Pas tout à fait. Evidemment, je ne joue pas pour la nulle mais quelques fois lorsqu'il n'y a pas d'autre issue je peux être content avec la nulle. J'essaie de jouer la position et les meilleurs coups.

Entretien avec Sergey Karjakin, par Georges Bertola

GB : Vous êtes le plus jeune GM de toute l'histoire du jeu. Quand avez-vous pris conscience de votre talent ?

Sergey Karjakin : J'ai appris à 5 ans, je jouais tous les jours avec mon père. A 6 ans, il m'a emmené dans un club et immédiatement j'ai obtenu de bons résultats. A onze ans, je voulais déjà devenir professionnel.

GB : Si vous deviez résumer votre carrière, quels sont les moments les plus importants ?

Sergey Karjakin : Il y a 3 dates importantes, à onze ans je suis devenu champion du monde des moins de 12 ans. Le titre de GM à 12 ans et 7 mois, un record qui tient toujours et la médaille d'or au sein de l'équipe d'Ukraine à Calvia en 2004. J'ajouterai encore mon titre de champion d'Europe moins de 10 ans en 1999.

GB : Vous êtes considéré comme l'espoir le plus prometteur de votre génération, capable de décrocher le titre mondial, avec le Norvégien Carlsen. Vous n'êtes pourtant pas encore candidat ?

Sergey Karjakin : Non, mais je veux devenir champion du monde.

GB : Quand ?

Sergey Karjakin : Immédiatement!

GB : Que pensez-vous de la jeune Chinoise Zhao Xue, vous attendiez-vous à un match aussi difficile alors que vous lui rendiez plus de 200 points ?

Sergey Karjakin : Je n'ai pas été surpris car je savais qu'elle jouait bien. Elle est certainement sous évaluée.

GB : Demain vous allez rencontrer Carlsen, avez-vous déjà joué contre lui ?

Sergey Karjakin : Oui, une fois au tournoi de Chorus 2005.

GB : Le résultat ?

Sergey Karjakin : Match nul !

GB : Je vous ai entendu parler de deux modèles de joueurs ; Kasparov et Capablanca. Initiative et dynamisme ou pureté du jeu positionnel, dans quel camp vous situez-vous ?

Sergey Karjakin : C'était avant, aujourd'hui je n'ai plus de modèles. En ce qui concerne mon style, ça dépend de la position mais je travaille sur les deux concepts.

GB : Vous êtes l'avenir des échecs, comment percevez-vous la place de l'ordinateur, notamment dans les préparations ? Cela ne risque-t-il pas de tuer le jeu dans les parties lentes ?

Sergey Karjakin : Dans les échecs traditionnels, il est impossible de travailler sans ordinateur et les préparations sont inévitables, même si cela se fait au détriment d'une certaine créativité. Pour être créatif il existe le Fischer Random.

GB : Jusqu'à ce jour quel est votre victoire la plus savoureuse, la partie la plus mémorable ?

Sergey Karjakin : En 2004 à Dortmund, ma victoire contre Kramnik en conduisant les blancs.

GB : Avez-vous décidé de consacrer votre vie aux échecs ou vous êtes-vous fixé des objectifs et des délais pour y parvenir ?

Sergey Karjakin : Je veux devenir champion du monde le plus tôt possible mais je ne me suis pas donné de délai.

GB : Kramnik champion du monde, pour vous cela représente-il une réalité ?

Sergey Karjakin : Oui, bien sûr.

GB : Pourtant ses résultats en tournoi ne sont pas toujours convaincants.

Sergey Karjakin : Cette année avec sa victoire à Dortmund et son excellent résultat à Turin, il n'y a aucun doute. Il est le véritable champion du monde.

GB : Utiliseriez-vous la nouvelle règle qui permet de défier le champion du monde avec 2700 et un million de dollars si cette possibilité vous était offerte ?

Sergey Karjakin : Oui, bien sûr, c'est une bonne innovation.

GB : Cela ne vous choque-t-il pas que cette possibilité existe alors que la FIDE est dans l'incapacité de mettre sur pied un véritable cycle pour les candidats au titre.

Sergey Karjakin : (Avec un sourire) Evidemment il y a un problème...

Entretien avec Teimour Radjabov, par Georges Bertola

GB : Meilleur junior de la planète, 11ème au classement mondial, leader de l'équipe d'Azerbaïdjan avec plusieurs coéquipiers très talentueux comme Mamedyarov ou Gashimov. Est-ce une partie de l'héritage de Kasparov qui a vécu longtemps à Bakou ?

Teimour Radjabov : Kasparov a eu une bonne influence sur les échecs dans mon pays. Mais comme il l'a quitté dans la fin des années 90 il n'a pas eu beaucoup à voir avec les succès remportés par la nouvelle génération.

GB : Votre jeu actif semble basé sur l'initiative et la dynamique des pièces au service de l'attaque. Avez-vous un modèle de joueur qui vous inspire ?

Teïmour Radjabov

GB : Lorsque vous entrez sur la scène vous apparaissez très décidé, débordant d'énergie, sûr de vous. Accordez-vous beaucoup d'importance à votre préparation physique ?

Teimour Radjabov : Non pas forcément. Je pratique du sport ; tennis, tennis de table et natation comme un loisir. Par plaisir comme écouter de la musique ou lire un bon livre.

GB : Le jeu rapide semble vous convenir au vu du résultat du match perdu de justesse contre Anand, l'un des plus grands spécialistes en la matière.

Teimour Radjabov : Oui, j'aime le jeu sous toutes ses formes, semi rapide, blitz et bien sûr les parties lentes classiques.

GB : Vous allez rencontrer le vainqueur du match Harikrisna-Volokitin. Avez-vous déjà affronté ces deux joueurs ?

Teimour Radjabov : J'ai rencontré Volokitin à plusieurs reprises, je ne me souviens plus de toutes les rencontres. J'ai perdu une fois mais il y a quelques mois je l'ai battu à Bienne suivi d'une partie nulle. En ce qui concerne Harikrisna, nous avons joué une ou deux parties dans les championnats juniors.

GB : Que pensez-vous de la formule du tournoi du Cap ?

Teimour Radjabov : C'est bien, surtout pour le public. Pour ma part, je pense que les compétitions importantes doivent se jouer séparément comme au tennis. C'est bien connu que pour un fort joueur c'est gênant de perdre contre une femme.

GB : Le problème du temps divise les joueurs d'échecs. Selon vous, quelle est la meilleure formule ; le système KO ou le système Fischer ?

Teimour Radjabov : Dans les parties classiques de tournois, le système Fischer avec incrément est probablement le meilleur. Pour les matches, le système FIDE avec 40 coups 2 heures, 20 coups 1 heure et 30 minutes au KO me convient. Le problème est que cela change tout le temps au gré des tournois et ceci n'est pas bien.

GB : Avez-vous un commentaire sur le match de la réunification à Elista ?

Teimour Radjabov : Naturellement Kramnik est le champion du monde puisqu'il gagné le match selon les règles. Par contre, je ne suis pas sûr qu'il est le meilleur joueur et que s'il y avait un deuxième match il le gagnerait. Pour moi le plus fort c'est celui qui, comme au tennis pour Federer, remporte tous les tournois importants Wijk aan Zee, Linares, Dortmund, Sofia. Une sorte de grand chelem. Il faut aussi tenir compte de la performance et de la durée d'un champion. Kasparov, par exemple, a été le numéro un mondial pendant 20 ans.

GB : Devant les difficultés pour mettre sur pied le prochain cycle des candidats croyez-vous toujours au potentiel de la FIDE pour remédier au problème ?

Teimour Radjabov : Non il y a problème, les conditions du prochain cycle sont loin d'être claires. Il n'y a pas vraiment de structure d'organisation crédible mais je suis optimiste.

GB : Vous avez affiché l'ambition de vous emparer du titre mondial en étant le premier à utiliser la nouvelle règle de la FIDE qui permet de défier le tenant du titre en franchissant la barre des 2700 avec un million de dollars dans ses bagages. Après la victoire de Kramnik, cette offre est-elle toujours d'actualité ?

Teimour Radjabov : D'abord je voudrais être le meilleur Elo du classement mondial. Mon objectif à court terme est d'être dans les 3 premiers. Pour le match la situation a changé car je ne pense pas que Kramnik acceptera de jouer. Pour l'essentiel, cela ne dépend pas de moi mais de ma fédération et de la FIDE.

Entretien avec Laurent Fressinet, par Georges Bertola

GB : Vice-champion de France après un excellent tournoi à Besançon, un beau résultat au Cap, qu'attends-tu encore pour l'année 2006?

Laurent Fressinet : On arrive en fin de saison, j'ai plutôt bien joué. Il faut ajouter une victoire à Bienne dans l'open des Maîtres. Je suis satisfait de mon jeu avec un Elo proche de 2650 sur la prochaine liste.

GB : Après Joël Lautier et Etienne Bacrot, tu es le 3e jeune Français à t'imposer dans l'élite mondiale. Entrer dans le top 10 est-il ton principal objectif, car apparemment, tu écartes l'idée d'être un candidat au titre mondial ?

Laurent Fressinet : Oui, j'ai surtout envie de progresser pour entrer dans le top 20, voire même le top 10. Ce ne sera pas facile, mais c'est certainement un objectif réaliste.

GB : A Turin cette année, la France bat la Russie et tu es l'un des artisans de cette réussite avec ta victoire contre Rublevsky. Inimaginable il y a encore une quinzaine d'années, comment l'expliques-tu ?

Laurent Fressinet : C'est un beau résultat, c'est aussi une nouvelle génération avec Etienne et moi, alors qu'avant Joël était seul. Il faut compter aussi avec l'arrivée de Maxime. La France progresse mais c'est aussi un match particulier car on ne joue pas de la même manière contre l'équipe russe que contre les autres équipes. Il y une motivation supplémentaire, affronter des joueurs aussi forts que Kramnik et Morozevich nécessite une grande motivation.

GB : La relève semble assurée avec Maxime Vachier-Lagrave qui va franchir bientôt les 2600 et Romain Edouard en filigrane. Comment projettes-tu l'avenir des échecs français ?

Laurent Fressinet : Les échecs français se portent bien et j'espère en faire partie ! Apparemment, Maxime et Romain sont très prometteurs, mais je ne connais pas vraiment les jeunes joueurs français.

GB : As-tu suffisamment d'invitations pour remplir une carrière de pro ou es-tu aussi, comme de nombreux GM, tenté par le poker ?

Laurent Fressinet : J'aime jouer au poker de temps en temps. Pour l'instant, les échecs ont ma priorité et je joue beaucoup notamment en championnats par équipes. Il y a bien sûr un problème avec de plus en plus de joueurs pour de moins en moins de tournois. Si les invitations pour les tournois fermés n'arrivent pas, je participe aux opens car j'ai envie de jouer.

GB : Comment analyses-tu la progression fantastique des échecs féminins ? Tu partages ta vie avec la triple championne de France. Le match de la réunification - du titre français - est-il déjà planifié ?

Laurent Fressinet : C'est plutôt bien. Mais pour l'instant on ne peut souhaiter que davantage de féminines dans les clubs car de nos jours lorsqu'elles voient autant d'hommes, elles ont tendances à refermer la porte avant d'entrer. S'il y en a plus, alors les autres viendront. En ce qui concerne Almira, j'ai perdu contre elle au championnat de France en 2002. La question est réglée !

GB : Comment trouves-tu la formule du tournoi ici au Cap. La mixité a-t-elle un avenir pour les échecs au haut niveau ?

Laurent Fressinet : J'adore les semi rapides et la participation des féminines est un plus. La formule m'interpelle sur un détail, après 7 rondes, on peut se qualifier avec brio invaincu avec +4 ou 5 et se retrouver éliminé sur une partie en quart de finale. J'aurais préféré un deuxième tour à rondes complètes. Bien sûr, je peux comprendre que le public soit attiré par l'élimination directe qui est plus spectaculaire.

GB : Le champion du monde Vladimir Kramnik va affronter un logiciel en match, Fritz 10. Penses-tu qu'il y a encore un intérêt à défier un ordinateur ou ce n'est plus déjà qu'un combat d'arrière garde ?

Laurent Fressinet : Avec une partie tous les 2 jours, le match est trop déséquilibré. L'homme se fatigue... Ce n'est pas un défi scientifique, ça ne sert qu'à tuer les échecs car les médias y accordent trop d'importance. Finalement, c'est seulement un moyen de gagner de l'argent.

GB : Depuis Spassky-Fischer, jamais une rencontre au sommet n'a été entachée par un tel scandale que le match Topalov-Kramnik. La tricherie aux échecs est-elle un sujet préoccupant ?

Laurent Fressinet : La question est mal posée. La paranoïa des joueurs d'échecs est-elle un sujet préoccupant ou alors les tentatives de déstabilisation de l'adversaire sont elles préoccupantes ? J'écarte l'idée de la tricherie, connaissant bien les 2 joueurs et, au vu des parties, il n'y a aucun doute.

GB : Pourquoi?

Laurent Fressinet : Il y a simplement trop de fautes !

GB : Que penses-tu de cette thèse développée par plusieurs historiens des échecs qui affirme que les échecs se sont toujours épanouis parmi les peuples ou les pays qui exerçaient une culture dominante. Aujourd'hui avec l'arrivée de la Chine et l'Inde dans les grandes nations échiquéennes, cela semble corroborer cette affirmation.

Laurent Fressinet : Oui, tout à fait. Toutefois, en ce qui concerne la Chine, j'ai été impressionné dans le mauvais sens. Lors du match qui nous a opposé récemment à Paris, je pensais que l'équipe chinoise serait plus forte.

Entretien avec Andreï Volokitin, par Georges Bertola

La première fois que j'ai rencontré Volokitin c'était à Lausanne, il y a 7 ou 8 huit ans. Pour sa première participation à l'Open, il avait réussi l'exploit de battre 2 GM confirmés le même jour. Depuis que de chemin parcouru avec une médaille d'or aux Olympiades de Calvia en 2004 et une victoire au Youngmasters Lausanne 2005.

GB : Que souhaiteriez-vous ajouter pour l'essentiel ?

Andreï Volokitin : 3 participations au championnat d'Allemagne avec +5 en 2003/2004, +4 2004/2005 et +5 en 2005/2006.

GB : Deux talents prometteurs venus d'Ukraine au Cap, sans compter Ponomariov, déjà couronné champion du monde FIDE, ou encore Areschenko. Apparemment, pas de problèmes pour assurer la relève en Ukraine.

Andreï Volokitin : Oui, et pourtant, nous sommes tous venus de régions différentes et notre équipe nationale est très jeune si l'on excepte Ivanchuk.

GB : Comment expliquez-vous qu'au contraire les jeunes talents ne réussissent pas à crever l'écran en Russie?

Andreï Volokitin : Je ne peux l'expliquer.

GB : Qu'est ce qui justifie le succès des joueurs ukrainiens ; le sérieux de leur préparation et du travail, la discipline ? Je sais que le coach national, Vladimir Tukmakov, est aussi un militaire.

Andreï Volokitin : Nous sommes tous très jeunes et talentueux. Mais le talent n'est rien sans le travail. Pour ma part, je consacre 5 à 6 heures par jour aux échecs.

GB : Etes-vous devenu la bête noire du prodige Carlsen. 2 victoires à Bienne et une nulle ici au Cap où le jeune Norvégien a dû lutter avec un pion de moins ?

Andreï Volokitin : Oui, je l'ai battu 4 fois de suite à l'Aeroflot en 2005, à Bienne en 2005, 2 fois en 2006. C'est probablement un problème psychologique.

GB : Il y a quelques années vous avez déclaré que votre modèle était Alekhine. C'est toujours le cas aujourd'hui ?

Andreï Volokitin : Fischer et Kasparov sont mes préférés. Kasparov est peut-être le plus grand joueur de tous les temps.

GB : Vous retrouver en concurrence avec autant de forts joueurs dans votre pays est-il un handicap ou un avantage ? Je pense notamment aux invitations pour jouer à l'étranger.

Andreï Volokitin : Être en concurrence c'est une grande stimulation et c'est un avantage pour progresser.

GB : Vous accordez une grande importance à la préparation physique, est-ce l'héritage de Botvinnik ou celui de votre père qui était un athlète performant au temps de l'URSS ?

Andreï Volokitin : Mon père était un lutteur. Oui, je pratique du sport, surtout le body building.

GB : Que pensez-vous des tournois mixtes, les femmes sont de venues redoutables. « Pendant longtemps je n'ai gagné que contre des hommes malades » ironisait l'aînée des sœurs Polgar . Ce temps est-il définitivement révolu ?

Andreï Volokitin : Elles obtiennent de bons résultats. Ici au Cap c'est surtout la jeune Chinoise... Battre Karpov deux fois de suite, vraiment impressionnant.

GB : Que représente aujourd'hui l‘ordinateur dans votre préparation, et quel logiciel utilisez-vous ?

Andreï Volokitin : Il est devenu indispensable. J'utilise Rybka c'est apparemment le plus fort programme actuellement.

GB : Quels sont vos objectifs, les grands tournois, le titre mondial ?

Andreï Volokitin : Bien sûr, je souhaite devenir champion du monde.

Phase d'élimination directe

La phase d'élimination directe se joue en 1 match de 2 parties successives de 25 minutes + 10 secondes/coup.

  DEPARTAGES
  En cas d'égalité à la fin d'un match, le départage sera joué 15 minutes après la fin du match, sous la forme d'un match en 2 parties, à la cadence de 3 minutes + 2 secondes par coup. En cas d'égalité, un autre match de 2 parties (toujours en 3+2), sera joué. Et enfin, si l'égalité persiste, un blitz en 3+2 sera joué jusqu'à l'obtention d'un résultat positif.

Entre chaque départage une pause de 10 minutes sera accordée si l'un des joueurs le demande.

PRIX

  1 000 € aux éliminés du tournoi fermé
  2 000 € aux éliminés des ¼ de finales
  4 000 € aux éliminés des ½ finales
  8 000 € au perdant de la finale
  16 000 € au vainqueur de la finale


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