Four lions

Le billet quotidien d'Yves Marek sur la partie majoritaire Karpov - Reste du Monde, disputée à l'occasion du Tour de France.

Yves Marek

Visiblement, la journée d'hier a été pleines de voluptés, notamment pour l'Angleterre : Wiggins a enfin endossé le maillot jaune, détrônant Cancellara tandis que Froome endosse le maillot à pois, si bien que l'équipe Sky est au septième ciel. L'Estonien Taaramae (dont une certaine Blinis serait très amoureuse, ce qui ferait un mariage très assorti et même délicieux), motivé par mon hommage à sa compatriote Carmen Kass, endosse le maillot blanc. Après le repos du guerrier, les coureurs semblaient donc au départ de Belfort, avant d'affronter les six cols de l'étape, avoir mangé du  lion au point de mener un train d'enfer - même de Denfert-Rochereau)

Et en effet, la journée, une étape à bien des égards  exceptionnelle, est l'occasion de saluer quatre lions - fine allusion à un récent film britannique hilarant.

Après notre sympathique estonien, le deuxième lion est le vainqueur du jour, le jeune (22 ans) et valeureux Thibaut Pinot qui signe la première victoire française, et aussi sa première victoire lors de son premier Tour de France, de surcroît dans une étape difficile et le jour de la saint Thibault, en réalisant l'exploit de rattraper le suédois Fredrik Korssakoff, coureur le plus combattif du jour, en franchissant seul en tête le périlleux col de la croix.

Puis, le troisième lion de Belfort est  le formidable club de Belfort échecs, qui fête ses 35 ans, dont le nom est indissolublement lié à celui de son animateur énergique, Jean-Paul Touzé qui a réussi à faire de Belfort une des capitales françaises et même mondiales des échecs. Jugez-en : l'organisation en 1988 d'une coupe du monde avec la participation ou la présence de cinq champions du monde légendaires (Karpov, Kasparov, Spassky, Botwinnik, le pape de l'école soviétique, et Smyslov et 16 des 24 meilleurs joueurs mondiaux. L'organisation plusieurs années de suite, de simultanées de notre cher Anatoly Karpov. L'organisation de la plus grande simultanée en 2000 avec 1005 joueurs, inscrite au livre Guiness des records.

Enfin, le quatrième lion est le grand ami des échecs et ministre, ancien maire de Belfort, Jean-Pierre Chevènement, soutien indéfectible du club, joueur passionné, qui a participé à l'inauguration  des tables d'échecs du jardin du Luxembourg à l'invitation de Christian Poncelet, en disputant une partie avec le cinéaste Jean Becker, sous le regard - fait à signaler pour un ministre de l'intérieur - du regretté amateur et ancien taulard José Giovanni ! Lion parmi les lions, Jean-Pierre Chevènement, qui a su rugir face à l'Europe entière comme le regretté Philippe Séguin, l'est d'autant plus qu'il est le seul ministre à avoir ressuscité, prodige que nous prions Saint-Marc d'homologuer.

Pendant, ce temps, Anatoly Karpov, voyant le reste du monde faire fuir loin de ses crocs le cavalier sur la bande en a6, décide de dévorer le pion d6.  

Quant au pauvre Taaramae, s'il garde son maillot blanc,  il recule au classement. Pour se consoler, il ira peut-être s'étaler tendrement sur la  jolie Blinis, à moins, s'il n'est pas le délicat soupirant que nous imaginons, que l'arrivée en Suisse à ...Porrentruy lui donne des idées cochonnes.

Yves Marek

auteur de "Art, échecs et mat" (éditions Actes Sud)

Anatoly Karpov | Photo : Claude Baranton (DR)
La partie après 9. cxd6