En bref
Monaco conserve son titre de champion de France féminin des clubs, en battant Chartres en demi-finale, puis Mulhouse en finale. Une victoire obtenue après deux matchs de départage en parties rapides !
Les demi-finales et la finale du Top 12 féminin ont eu lieu à Poitiers les 28 et 29 juin 2025, au format Coupe. Chaque équipe est composée de quatre joueuses. En cas d'égalité, un nouveau match est organisé, cette fois en parties rapides. Ce point de règlement fut particulièrement important cette année !
Les demi-finales
Vandoeuvre-Echecs 0 - 3 Mulhouse Philidor
Nos quatre filles sont quelque peu passées à côté de leur match... lourde défaite 0.5 3.5 contre Mulhouse.
C'Chartres Echecs 1 - 1 C.E.M.C. Monaco
Victoire très difficile pour Monaco, qui s'impose de justesse 2,5 à 1,5 contre Chartres lors du match de départage !
La grande finale : Monaco bat Mulhouse
Les deux équipes se séparent avec un score égal à l'issue du match à la cadence classique.
Mulhouse Philidor 1 - 1 Monaco
La finale a été très tendue et disputée. La pression sur les épaules des joueuses était énorme, et une partie illustre bien cette tension. Monaco est mené 1 à 0, et Emma Richard doit tenir la nulle pour offrir à son équipe de Mulhouse le titre. Un rôle délicat face à Almira Skripchenko !
Longtemps en difficulté, Emma Richard est parvenue à équilibrer la position. Mais au 49e coup elle dérape par Rf6?
50. Tc6+? Joué instantanément par Almira Skripchenko, ratant Tf8+ Rg5 Tf5+ Rh4 Txf4 qui gagne une pièce.
Heureusement pour la joueuse monégasque, un thème quasiment identique apparaîtra à nouveau sur l'échiquier quelques coups plus tard !
Almira Skripchenko vient de jouer Ta4, attaquant le fou f4 qui soutient la tour h2 totalement captive.
53...Re5?? Perd immédiatement. Fe5 gardait l'équilibre 54. Te4!+ Emma Richard avait sans doute caculé le tentant Txf4 Tg2+ intermédiaire qui gagne pour les Noirs. Après le coup des Blancs, elle abandonne, le fou f4 est perdu.
Cette victoire de la septuple championne de France sauve Monaco, qui était mené suite à la défaite de Tatiana Dornbusch contre Cécile Haussernot. Score final deux partout, place aux départages !
Monaco remporte le match de départage
Départage de la finale : Mulhouse 1-3 Monaco
Comme en demi-finale face à Chartres, Monaco remporte le match de départage à la cadence rapide ! Vous pouvez regarder les parties très spectaculaires avec l'applet ci-dessous.
Monaco "met le paquet sur les échecs féminins"
Cette nouvelle victoire de Monaco est tout sauf une surprise ! La principauté est en effet une place forte des échecs féminins, avec un palmarès exceptionnel pour une cité-État de moins de 40.000 habitants. En mars 2025, Monaco était le pays du mois dans votre revue qui présentait la recette du succès de Monaco.
Avec huit victoires en coupe d’Europe, c’est le cercle d’échecs de Monte-Carlo qui est le club sportif de Monaco, toutes disciplines confondues, le plus titré sur la scène continentale. Au 1er janvier 2025, la cité-État de la Côte d’Azur comptait 3 GMI et 3 MI (aucun pour le Liechtenstein et Saint-Marin). Même s’il est inactif depuis plus de 8 ans, le GMI David Marciano (2464) occupe toujours la 1re place devant le MI Igor Berezovsky (2396) et le GMI Amir Bagheri (2366). Chez les femmes, c’est la GMf Tatiana Dornbusch (2234) qui est la mieux classée devant Mathilde Chung, ancienne championne de France des jeunes, et la MIf Marija Zvereva (2001), championne 2024 de Monaco.
Deux hommes restent indissociables du développement du jeu d’échecs à Monaco. Le premier, Jean-Michel Rapaire, fils de Monégasques et lui-même né en Principauté, prend la présidence du cercle et de la fédération aux débuts des années 90. Superviseur au casino de Monte-Carlo, il tente un coup de poker en rendant visite sur sa mobylette au milliardaire néerlandais Joop van Oosterom, un grand-maître par correspondance qui était alors résident monégasque. Les deux hommes topent et Joop van Oosterom sera pendant près d’un quart de siècle, et ce jusqu’à son décès en 2016, le principal mécène des échecs sur le Rocher.
Grâce à cette nouvelle force de frappe, le CEMC est champion de France des clubs en 2001 et 2002. Mais, coup de tonnerre, il se retire de la compétition en 2006. « Avec le NAO de l’époque, c’était devenu une course à l’armement », sourit Jean-Michel Rapaire. « Et le budget devenait démesuré. » Du coup, le cercle monégasque entreprend une profonde mutation. « Avec la moitié du budget du Top 16, nous avons pu pérenniser un emploi, développer la formation, et surtout mettre le paquet sur les échecs féminins. »
C’est le début de la belle aventure des filles de Monaco qui vont remporter huit fois la coupe d’Europe. Record absolu pour la compétition. Jean-Michel Rapaire ne regrette pas le choix de ne plus participer à la lutte pour le titre en Top 16. « Au niveau des retombées, un titre de champion d’Europe féminin par équipes nous rapporte davantage que celui de champion de France. »
