Gufeld – Utasi, 1985

« Pas à pas avec un champion » par le Grand-Maître Eduard Gufeld. « Je soumets cette partie au jugement des lecteurs, convaincu que mon adversaire a joué toute la partie selon les règles de l'art échiquéen et n'a commis aucune faute. »

« Pas à pas avec un champion » par le Grand-Maître Eduard Gufeld. « Je soumets cette partie au jugement des lecteurs, convaincu que mon adversaire, un jeune et talentueux maître hongrois, a joué toute la partie selon les règles de l'art échiquéen et n'a commis aucune faute. » Article paru dans la revue Europe-Echecs numéro 326 du mois de février 1986.

Gufeld,Eduard Efimovitch (2470) - Utasi,Tamas (2480), La Havana, 1985. Défense Sicilienne [B64] par Eduard Efimovitch Gufeld

1.e4 c5 2.f3 c6 3.d4 cxd4 4.xd4 f6 5.c3 d6 6.g5 e6 7.d2 e7 8.0-0-0 0-0 9.f4

Il est inutile de chercher une erreur dans ces coups ; ils ont été joués des milliers de fois en compétition au plus haut niveau, championnat du monde inclus.

9...h6

Après 9...h6

Mais ici on peut s'interroger sur l'utilité pour les Noirs d'affaiblir leur position. Ayant vu la partie jusqu'à la fin, le lecteur verra que c'est précisément l'action de cette « cinquième colonne » qui permettra l'intrusion ennemie dans le camp noir. Néanmoins, il n'est pas possible de tenir 9...h6 pour une faute ! C'est que dans toute une série de variantes, les Noirs ne peuvent l'éviter. En bref ; si ce coup est déjà perdant, n'importe quel autre l'est aussi !

9...xd4 10.xd4 a5 11.c4 d7 12.e5 dxe5 13.fxe5 c6 14.d2 d7 15.d5 d8 16.xe7+ xe7 17.he1 fd8 18.g4 f8 19.d3 xd3!? 20.cxd3 d7 21.b4 g6 (21...d5 22.xf8 xf8 23.b1 xg2 24.xg2 xg2 25.g1 ½-½ (41) Almasi,Z (2645)-Kramnik,V (2730) Ljubljana 1995) 22.d6 f5 23.g5 d5 24.b3 c6+ 25.b2 b6 26.g3 d4+ 27.b1 c8 28.e3 xe3 29.xe3 f4 30.gxf4 xf4 ½-½ (44) Svidler,P (2690)-Anand,V (2770) Linares 1998

10.h4

Outre le retrait du Fou, les Blancs peuvent aussi l'échanger en f6 ou jouer le coup aigu 10.h4!. Lequel de ces coups est préférable ? La théorie contemporaine conseille, lorsqu'il y a le choix, d'examiner d'abord la prise. Pourquoi ? Peut-être simplement pour ne pas perdre de temps... Pourquoi me suis-je ici écarté de la théorie ? Parce qu'il existe en une règle essentielle : respecter le Fou de cases noires.

La raison pour laquelle il mérite de tels égards dans cette variante peut ressortir de la suite 10.xf6 xf6 11.xc6 bxc6 12.xd6 b6 13.d3 b8 14.b3 d8 15.f3 d4 16.c4 b4 17.d3 c5 18.hd1 a3+ 19.d2 a6 et est-il encore possible de parler d'avantage blanc ? Le Fou indien a fait tout ce qu'il a voulu sur la grande diagonale. « Nous complétons avec une partie récente... » Europe-Echecs 20.xa6 xa6 21.e1 xc3+ 22.xc3 xd1+ 23.xd1 b4 24.d3 xa2 25.xc5 a1+ 26.f2 d4 27.e3 d1 28.g3 d2 29.c8+ h7 30.e5 e2 31.d3+ xd3+ 32.cxd3 e3+ 33.g4 xd3= 34.h4?? h5+ 35.xh5 g3 0-1 (35) Navara,D (2730)-Popov,I (2650) Minsk 2015.

Quant à 10.h4 il n'est agressif qu'en apparence et appartient à la catégorie des coups pseudo-actifs. Les Noirs prennent simplement le Fou, retirent ensuite le Cavalier en h7 et au moment voulu rendent la figure en la sacrifiant sur g5, obtenant ainsi l'avantage positionnel. « En fait, il est impératif d'intercaler l'échange du Cavalier en d4 avant de déplacer le Cavalier noir en f6. » Europe-Echecs 10...xd4 (10...hxg5!? 11.hxg5 xd4 (11...h7? 12.f3 xg5 13.xg5 xg5 14.fxg5+-) 12.xd4 g4) 11.xd4 hxg5 12.hxg5 g4! (et non pas 12...h7? 13.e2 xg5 14.fxg5 xg5+ 15.b1 e5 16.g1 f6 17.f1+-) 13.e2 e5 14.g1 exf4 15.xg4 xg4 16.h2 f5 17.g6 h4 18.d4 fxe4 19.xe4 h5 20.xh4 xh4 21.xh4 xg6 22.exf4 ½-½ (41) Yu,R (2571)-Popov,I (2653) China 2015

10...d7

Ce coup fut pour moi une surprise, puisque dans le match Karpov - Kasparov, Moscou 1984-85, le challenger avait appliqué avec succès 10...e5 et très vite égalisé. Comment ne pas suivre l'exemple venu d'en haut ? Ah, voilà la faute !... penserez-vous. Si Kasparov joue 10...e5 et annule rapidement, tandis qu'un autre joue 10...Fd7 et perd, c'est que la cause est entendue. Et bien je ne suis pas d'accord quant au fait que 10...e5 devrait donner aux Noirs une facile égalisation. Par exemple : 11.f5 xf5 12.exf5 exf4 13.b1 d5 14.xf6 xf6 15.xd5 e5 et ici, au lieu de 16.g3 qui amena une rapide nullité, 16...fxg3 17.hxg3 e7 ½-½ (17) Karpov,A (2700)-Kasparov,G (2710) Moscow 1984, 16.c4! est nettement plus fort.

C'est d'ailleurs ce que j'avais joué contre Tukmakov et mon adversaire perdit sans avoir commis la plus petite faute. Le fait est que Kasparov ne rejoua plus cette variante. 16...b5 sinon il n'y a pas de contre-jeu. 17.xb5 b8 18.c4 d4 19.he1 f6 20.a4 xf5 21.b3 d4 (et voici la suite de la partie Gufeld - Dorfman, 1975. 21...e3 22.xe3 xd2 23.xd2 fxe3 24.d5 La finale est clairement en faveur des Blancs en dépit des Fous de couleurs opposées.) 22.d3 a5 23.a4 (23.e4 a4 24.xa4 e6 25.b4 c5 26.c2 a5 27.b5 a3 28.bxc5 xc5 29.e2 fd8 30.b3 a8 31.a4 h8 1-0 (31) Grischuk,A (2395)-Lugovoi,A (2540) Moscow 1998) 23...f7 24.e4 fb7 25.b3 xb3 26.axb3 xb3+ 27.xb3 xb3+ 28.c2 b2+ 29.c1 f8 30.e7+ 1-0 (30) Gufeld, E-Tukmakov,V Vilnius 1975)

11.f3

Certes, je ne connaissais pas la partie ½-½ (89) Sax,G (2575)-Utasi, T (2350) Budapest 1984, qui continua par 11.xf6 (?) 11...xf6 12.db5 a5 13.xd6 a6 14.e5 avec des chances égales, mais même si je l'avais connue, je n'aurais de toute façon pas examiné longtemps un coup comme 11.Fxf6 : il heurte ma sympathie pour mon Fou de cases noires.

Une autre suite est 11.db5 sur quoi 11...xe4! est possible. C'est ici qu'apparaît une justification de la manoeuvre h7-h6, éloignant le Fou sur une case où il est sans défense. Après 12.xe7 xd2 13.xd8 xf1 14.c7 e3 15.d3 xg2 16.xd6 fc8 17.c7 ab8 18.h4 a5 19.g1 c6 20.7b5 a8 ½-½ au 143e coup !! Van der Wiel,J (2465) -Fedorowicz,J (2435) Graz 1981

11...a5

Et pourquoi les Noirs ne pourraient-ils pas placer ici la contre-attaque 11...xe4 à cause de 12.xe4 xh4 13.xd6 (13.xh4! xh4 14.g3 e7 15.xd6 xd6 16.xd6 avec avantage blanc.) 13...e8 14.xh4 xh4 15.g3 avec une forte initiative. 15...h5 ½-½ (15) Liberzon,V (2555)-Sosonko,G (2575) Amsterdam 1978

12.b1!

Après 12.♔b1!

Je sais maintenant pourquoi on appelle cela « grand » roque, car il faut généralement deux coups pour qu'il soit complet : 0-0-0 et b1... Le coup du texte qui conserve aux Blancs tous les éléments positifs de leur position, place les Noirs devant de nouveaux problèmes. Le pion a2 ayant été défendu, la menace Cc3-Cd5 plane désormais sur les Noirs.

Comme je l'appris plus tard, dans la partie Sokolovski - Utasi, 1981, fut essayé 12.e5 avec la suite 12...dxe5! (12...e8? 13.xe7 xe7 14.exd6 f5 15.e5 et les Blancs gagnent.) 13.xf6 xf6 14.xd7 exf4 15.xb7 xc3 16.xc6 xb2+ 17.xb2 ab8+ 18.b5 xb5+ 19.a1 c5 20.e4 c3+ 21.b1 b8+ 22.c1 cb5 0-1 (22) Sokolowski-Utasi,T (2350) Iasi 1984.

Les Blancs disposent aussi du coup de développement 12.c4 mais les Noirs peuvent riposter avec succès par la contre-attaque 12...b5! Par exemple : 13.xb5 fc8 14.c4 b4 15.e2 xc4 16.xc4 c8 17.b3 xe4 18.a3 xc2 19.xc2 xc3 20.e1 f6 21.e5 a4 22.xc3 xc2 23.xa5 xd1+ 24.xd1 dxe5 25.fxe5 xe5 26.b4 c3 27.a4 a3 28.c2 d4 29.d1 e5 0-1 (29) Tseshkovsky,V (2560)-Kupreichik,V (2365) Minsk 1979

12...fd8

La place de cette Tour est peut-être en c8. Essayons : 12...fc8 13.g4! b5 14.d3 b4 (14...b4) 15.a3 xd3 16.d5 xd2 17.xe7+ f8 18.xd2 xe7 19.xd3 e5 20.fxe5 (ici les Blancs auraient pu porter le coup fatal 20.xe5!+-) 20...dxe5 21.xe5 e6 22.f1 g5 23.e1 a5 24.d4 xg4 25.xg4 xg4 26.d5 d8 27.e5+ f8 28.c3 e8 29.xe8+ ½-½ (29) Dolmatov,S (2545) -Beliavsky,A (2620) Frunze 1981

13.d3

Après 13.♗d3

À ce moment, le lecteur pourrait commencer à s'ennuyer, car la partie n'a pas encore commencé. Tous ces coups ont déjà été joués et jusqu'à présent le déroulement du combat rappelle un banal article théorique. Néanmoins tous ces commentaires n'étaient pas uniquement la compilation d'un matériel théorique, mais la démonstration de la thèse principale de l'auteur : il est impossible de démontrer que les Noirs ont commis une faute à un moment quelconque.

Avec cette position on peut constater que l'ouverture est achevée. Toutes les figures sont mises en jeu, les Tours sont liées et prêtes à occuper les colonnes les plus importantes et les pions sont sur le point de partie à l'assaut. Le moment est venu de passer aux opérations actives. Les Blancs n'ont pas besoin de se soucier de leur aile-Dame qui n'est pas affaiblie, tandis qu'à l'aile-Roi le pion h6 attire le regard. Certes, si le pion s'était trouvé en h7, le Roi noir se fût senti plus tranquille. En revanche, la percée g2-g4-g5 est maintenant dans l'air, et la question se pose seulement de savoir à quel moment et de quelle manière commencer l'attaque.

Pour leur part, les Noirs sont prêts à faire usage de la règle classique de la stratégie échiquéenne, répondre à une attaque sur l'aile par une contre-attaque centrale. Dans des milliers de parties cette stratégie a porté ses fruits. Et ici, il semble bien que les Noirs ont tout préparé en vue des ruptures e6-e5 et d6-d5 qui pourraient se révéler dangereuse compte-tenu du vis-à-vis de la Dame blanche et de la Tour noire.

Pour en revenir à la théorie, remarquons qu'au lieu de 13.Fd3, on trouve 13.e1 e8 14.d3 et les Noirs commirent une erreur avec 14...b4? 15.g4! et l'attaque blanche fut rapidement couronnée de succès si bien que l'on n'est pas encore parvenu à démontrer la force de la manoeuvre de la Dame blanche. 15...ac8 (« Stockfish joue ici 15...d5! 16.e5 d4 17.xd4 xd4 18.exf6 xd3 19.xd3 xd3 20.cxd3 xf6 21.xf6 gxf6 et si rien n'est clair, les Blancs n'ont plus de forte attaque. » Europe-Echecs) 16.a3 xd3 17.xd3 c7 18.g5 hxg5 19.xg5 h5 20.f5 xg5 21.xg5 e7 22.g1 exf5 23.d5 e5 24.f3 xe4 25.d2 c6 26.g5 h4 27.e7+ f8 28.xf5 f4 29.h7+ e8 30.xg7+ d7 31.xh5 f5 32.7f6+ c7 33.f4 c5 34.gd1 1-0 (34) Mnatsakanian,E (2425)-Tukmakov,V (2560) Yerevan 1980)

Mais après 13.e1 e8 14.d3 comment les Blancs attaqueraient, par exemple, après 14...ac8 c'est difficile à dire. C'est pourquoi j'en restai au coup de Fou moins compromettant et plus solide.

13...b5

Les Noirs sont les premiers à lancer l'assaut. Bien entendu, ils n'espèrent pas ainsi arriver à mater le Roi blanc ; c'est pour la possession des cases centrales que la lutte est engagée. Les Noirs veulent chasser le Cavalier en c3 afin de faciliter leur percée centrales par e6-e5 ou d6-d5. Il est vrai qu'ils sacrifient ainsi un pion, mais si les Blancs prennent en b5, la colonne « b » s'en trouve ouverte et l'initiative noire pourrait être dangereuse.

En tous cas, les Blancs seraient contraints d'abandonner l'aile-Roi et de reporter leur attention vers l'aile-Dame ; l'attaque de diversion du pion « b » aurait atteint son but. Peut-on tout de même considérer ce coup comme fautif ? Mais si un tel coup d'attaque reposant sur un plan réfléchi peut être tenu pour fautif, qu'est-ce qui ne l'est pas aux échecs ? Peut-être fallait-il réellement se contenter du retrait passif 13...e8.

14.hg1!!

Au premier abord, un tel coup préparatoire n'est pas dans l'esprit de la position. Mais c'est pourtant la bonne décision ! Pourquoi ? En premier lieu parce qu'aucune autre suites ne donne quoi que ce soit. Par exemple : 14.xb5 b6 15.he1 ab8! 16.b3 e8 17.f5 e5! et les Noirs obtinrent une dangereuse initiative ½-½ (46) Byrne,R (2515)-Ivanovic,B (2485) Reykjavik 1982.

Ou 14.g4 b4 15.e2 (15.xf6!?) 15...xg4! et vu la menace Cg4-Cf2, les Blancs ne parviennent pas à créer de réelles menaces pour le pion. En second lieu, parce qu'après le coup du texte, on ne voit pas comment les Noirs pourraient se défendre contre g2-g4-g5.

14...b4

Après 14...b4

Tout cela est clair une fois la partie terminée et quand on a pu l'analyser à loisir, mais durant l'action la chose l'était beaucoup moins pour les adversaires comme pour les spectateurs. 15.e2 e5 Les Noirs ne s'écartent pas des normes classiques de la stratégie et engagent les opérations au centre.

Il était clairement inférieur d'entamer l'action par 15...d5 parce qu'après 16.xf6 xf6 17.e5 suivi de l'assaut du pion « g », les Noirs n'auraient rien à opposer aux desseins adverses. On aurait alors une position « française » typique où les Noirs ont conservé le « mauvais » Fou tandis que le Cavalier blanc s'empare de la case d4.

16.g4

N'était-il déjà plus temps de préparer cet assaut ? Tout devrait-être maintenant calculé coup par coup.

16...e6 16...xg4 est perdant : 17.xe7 xe7 18.f5!+-

17.b3 d5! 18.xf6! xf6 Si 18...dxe4 19.xe7 xe7 20.xe5!

Après 18...♗xf6

19.g5 hxg5 20.fxg5 e7 21.g6!! dxe4

Après 21...dxe4

Le développement de l'initiative blanche est favorisé par le fait que le Cavalier en c6 n'a plus de soutien. Bien entendu, si les Noirs étaient parvenus à forcer l'échange des Dames, la paire de Fous et leurs pions centraux leur auraient assuré un bon jeu. Mais nous en sommes encore au milieu de jeu et le pion g6 est comme une arête de poisson fichée dans la gorge du Roi noir.

22.gxf7+ xf7?

22...xf7? 23.xg7+! xg7 24.g1+ f7 25.h6! exd3 26.h5+ f8 27.h8+ f7 28.g7+ f6 29.h6+ f5 30.g3#
22...f8! « Est le coup le moins analysé par Eduard Gufeld. Pourtant, c'est l'unique coup qui aurait sauvé les Noirs. Gufeld ne donne que le commentaire laconique : "La décision est faite par 23.g5" et s'arrête là ! Cependant, Stockfish n'est pas d'accord, joue 23...f5! et 24.df1 ou 24.g3!? mènent à de longues variantes très tactiques où rien n'est vraiment clair. Il reste que l'intérêt de cet article réside principalement dans les réflexions du grand-maître. » Europe-Echecs.

« En fin de compte, la vraie valeur d'un joueur d'échecs ne réside pas seulement dans sa supériorité en tant que sportif, mais dans sa contribution d'idées nouvelles qui améliorent le développement des échecs et la création de beaux jeux qui procurent un plaisir esthétique. » Eduard Gufeld

23.h6! 1-0

Après 23.♕h6! 1-0

Alors que maintenant, sur la seule défense 23...f8 suivrait le coup thématique 24.xg7+! xg7 25.g1 f8 26.xg7+ e7 27.g5! exd3 (Si 27...d5 28.xe4 g8 29.h7!+-) 28.xf7+ d6 29.e4#

Cette partie reçut le prix de la meilleure partie des deux tournois de La Havane, ce qui confirme la pensée de Smyslov, qu'aux échecs, il faut avant tout remplir son devoir créateur et ne pas songer au point marqué sur le tableau.

Gufeld,Eduard Efimovitch (2470) - Utasi,Tamas (2480), La Havana, 1985