Interview du MI Jean-René Koch

Interview du MI Jean-René Koch, joueur du Club d'échecs de Metz Fischer, par Christophe Guéneau, directeur sportif de l'échiquier Chalonnais.

Jean-René pourrais-tu avoir la gentillesse de te présenter

Je suis né en Alsace le 8 novembre 1970. Je suis marié, j'ai quatre enfants. Je suis ingénieur. Sur le plan échiquéen je suis MI depuis 1989. J'ai deux normes de GMI à mon actif. Je compte quelques titres de champion de France chez les jeunes et un titre de vice-champion à Angers en 1990. Par équipes j'ai obtenu quelques titres de champion de France et aussi quelques coupes ! Depuis un peu plus de vingt ans au plus haut niveau, je n'ai joué que pour quatre clubs : Strasbourg, Clichy, Mulhouse et Metz.

Depuis quand es-tu licencié au club de Metz-Fischer et pour quelle raison as-tu choisi ce club plutôt qu'un autre ?

C'est ma 4e saison avec le club. Lorsque j'ai dû, dans l'urgence en septembre 2007, trouver un club jouant le Top 16, c'est avec Metz que j'ai eu les contacts les plus rapides et les plus sérieux. Je pense avoir fait le bon choix et aujourd'hui personne ne regrette cette collaboration.

Cette saison Metz Fischer a fait un remarquable parcours en TOP 16, flirtant longtemps avec la 3e place. Qu'est ce qui fait la force de cette équipe ?

D'abord, la force intrinsèque des joueurs, même s'il n'y a pas de « star », et qu'à première vue l'équipe ne paye pas de mine, la qualité est là. Ensuite, le sérieux du capitaine et des dirigeants, qui nous mettent dans les meilleures conditions. Enfin, je dirais l'esprit d'équipe car lorsqu'un joueur fait une contre-performance, ses coéquipiers se transcendent pour rattraper le score.

Jean-René Koch (MI). Photo © www.europe-echecs.com

Dimanche 27 juin ton club de Metz Fischer affrontera Evry Grand Roque en finale de la Coupe de France ? Une affiche inédite et assez déséquilibrée. Pourrais-tu nous dire un mot sur ce match et sur l'adversaire.

Nos adversaires sont évidemment plus forts sur le papier. La pression sera donc de leur côté!

Evry sera forcément largement favori. Selon toi qu'est ce qui pourrait faire que l'on assiste à un miracle ?

Je dirais que sur quatre échiquiers c'est plus ouvert que sur huit car une grosse performance individuelle peut faire basculer le match.

Cette saison en Coupe de France tu n'as joué qu'une seule partie (en 1/8 contre le MI Jean-François Jolly du club Agneaux Saint-Lô) et tu as perdu. Un commentaire ?

J'ai dominé le début de partie mais par la suite j'ai fait plusieurs mauvais choix en quelques coups. Heureusement, mes partenaires ont compensé ce mauvais résultat. Un autre jour, ce sera mon tour. C'est souvent comme ça dans notre équipe.

C'est ta quantième finale de Coupe de France ? Quel est ton palmarès dans cette compétition ? Quel est à ce jour ton meilleur souvenir dans cette compétition ? Une anecdote ?

J'ai remporté cinq fois la Coupe avec trois clubs différents, mais sans avoir disputé la moindre finale. Mon meilleur souvenir est la finale de 1999 remportée avec Mulhouse, alors que nous n'étions pas favoris. Et comment ne pas reparler de la tragique finale de 1987, qui ne s'est pas jouée ? (la finale était prévue à Narbonne et à la suite d'une grève des transports le match n'a pas pu se dérouler Ch. G). Avec le recul, je pense que les deux équipes auraient dû faire plus pour trouver un compromis et jouer, mais j'avais 16 ans et j'ai plutôt « écouté les adultes ».

On a le sentiment que depuis quelques années tu ne joues plus que les compétitions par équipes. Pour quelle raison ? Comment fais-tu pour t'entretenir et conserver un tel niveau ?

C'est exact. Ma famille et mon travail m'occupent beaucoup, et je ne souhaite pas jouer de tournoi sans avoir les moyens de le préparer convenablement. Cependant, je continue à travailler les échecs tout au long de l'année. Comme j'ai peu de temps, j'essaye d'être très efficace dans mon travail.

Quel est à ce jour ton meilleur et ton pire souvenir échiquéen ?

Parmi les bons souvenirs sur le plan individuel je mentionnerais ma victoire au championnat de France junior en 1988 (à mon avis le plus fort jamais joué) car ce fut une grande réussite. Par équipes, je me souviens d'un titre obtenu avec Clichy où je suis le dernier à jouer et où mon résultat fut décisif. Mais rien n'égalera mon premier titre de Champion de France chez les jeunes en 1981. Quant aux mauvais souvenirs on a plutôt tendance à les effacer ...

Tu as 40 ans. On dit souvent que c'est le meilleur âge pour un joueur d'échecs. Tu confirmes ?

Non. Je dirais plutôt avant trente ans car à cette période il existe un bon compromis entre énergie et expérience. D'ailleurs, les moyens informatiques ont certainement contribué à abaisser cet « âge optimal »  car il est plus facile aujourd'hui de mettre à niveau ses connaissances dans les ouvertures et les finales... En revanche je pense que l'on peut jouer longtemps à un bon niveau. Kortchnoi et Smylov en sont les meilleurs exemples. Et puis j'aime bien cette phrase : « On n'a jamais que l'âge qu'on avait quand on a appris à jouer aux échecs, car après on cesse de vieillir ».

Quel regard portes-tu sur les échecs français en 2010 ?

Le chemin parcouru depuis une vingtaine d'années est énorme, à la fois au niveau de l'élite et de la masse. Mais il reste beaucoup à faire, par exemple en ce qui concerne la médiatisation. Le potentiel des échecs est immense en termes d'image, et il est à mon sens encore largement sous-exploité.

Quel est ton programme pour les prochains mois ?

Aucune compétition échiquéenne, mais je vais m'occuper de l'entraînement de mes enfants. Quelques semaines de vacances aussi et elles seront méritées !

Propos recueillis et aimablement communiqués par Christophe Guéneau, directeur sportif du Club d'échecs de Châlons-en-Champagne

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