Magnus Carlsen : « Je ne veux pas jouer contre un ordinateur »

Une intéressante interview a été publiée sur le journal en ligne espagnol www.elmundo.es. Extraits :

Champion du monde à 23 ans, numéro un du Elo depuis vos 19 ans. Quels objectifs pour le futur ?
« Continuer d'apprendre. Je veux gagner des tournois et défendre mon titre. Je pense déjà à la prochaine partie, ma motivation a toujours été le jeu, le comprendre mieux, m'amuser. Quand j'analyse certaines de mes anciennes parties je me surprends de voir le peu que je savais il y a quelques années et comment j'ai évolué. »

Le grand-maître espagnol Miguel Illescas vous définit comme « un hybride entre un homme et une machine ». Êtes-vous d'accord ?
« Pas vraiment. Je ne veux pas être une machine ni l'imiter; en fait, je me suis plus formé avec des livres et des revues qu'avec des ordinateurs, bien que parfois on exagère à ce sujet. J'utilise l'ordinateur, évidemment, en particulier pour préparer les ouvertures, mais moins que mes adversaires je pense. »

Vous vous voyez affronter un ordinateur ?
« Non. Le jeu d'échecs me fascine en tant que jeu entre humains. Je peux utiliser un ordinateur pour analyser mes parties ou celles de mes rivaux, mais je ne joue jamais contre la machine. Ça ne m'intéresse pas d’affronter une machine, peut-être dans un futur éloigné, mais pas maintenant. »

Votre jeu se caractérise par l'agressivité, vous signer peu de nulles... A quoi doit-on cette voracité ?
« Le jeu d'échecs est pour moi une lutte jusqu'au boutisme. C'est comme ça que je le sens et, de plus, mes résultats le confirment. Dans les positions où habituellement on annule, souvent il reste beaucoup à jouer. Ces positions compliqués me plaisent, ce sont celles qui font que les échecs me passionnent. »

Entre 2009 et 2010, vous vous êtes entraîné avec Gary Kasparov. Qu'avez-vous appris de lui ?
« Beaucoup. Son approche des positions dynamiques fut révélatrice pour moi. Il m'a aussi aidé à connaître mes rivaux psychologiquement. Il a affronté beaucoup de joueurs actuels et ses opinions m'ont été très utiles. »