Ronde 7

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Levon Aronian | Photo Ray Morris-Hill (DR)

En bref

Quatre nulles dans cette 7e ronde. Carlsen reste en tête devant Kramnik et Adams.

L'édition 2012 du «London Chess Classic» se déroule du 1er au 10 décembre, au centre de conférence Olympia. L'une des particularités du tournoi de Londres est d'inviter un nombre impair de joueurs, avec à chaque ronde un exempt qui commentera les parties en direct.

Site officiel www.londonchessclassic.com avec parties en différé de 15 minutes.

Cadence : 2 heures pour les 40 premiers coups, une heure pour les 20 coups suivants et enfin, de 15 minutes pour le reste de la partie avec un incrément de 30 secondes par coup à partir du 61e coup. Interdiction de proposer nulle durant la partie. Le partage du point ne peut être accordé que par l'arbitre et seulement dans les 3 cas prévus : triple répétition d'une position, règle des 50 coups, et une position complètement nulle, où l'arbitre sera conseillé par le Maître International Malcolm Pein. Le «London Chess Classic» a décidé d'utiliser le système de la victoire à 3 points, une nulle un point et zéro en cas de défaite.

 

  Joueur Elo Ti Age Nat 3 pts Score 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Perf Chg
1 Carlsen, Magnus 2848 gm 22 NOR 17/21 6.0/ 7 X = 1 = . 1 1 1 1 3043 +14
2 Kramnik, Vladimir 2795 gm 37 RUS 12/18 4.5/ 6 = X . 1 = = 1 . 1 2962 +13
3 Adams, Michael 2710 gm 41 ENG 11/18 4.0/ 6 0 . X = 1 . = 1 1 2865 +13
4 Nakamura, Hikaru 2760 gm 25 USA 9/18 3.5/ 6 = 0 = X . 1 . = 1 2809 +4
5 Anand, Viswanathan 2775 gm 43 IND 7/18 3.0/ 6 . = 0 . X = = 1 = 2730 -4
6 Aronian, Levon 2815 gm 30 ARM 6/18 2.5/ 6 0 = . 0 = X 1 = . 2698 -10
7 McShane, Luke J 2713 gm 28 ENG 5/18 2.0/ 6 0 0 = . = 0 X 1 . 2639 -5
8 Jones, Gawain C B 2644 gm 25 ENG 3/21 1.5/ 7 0 . 0 = 0 = 0 X = 2530 -9
9 Polgar, Judit 2705 gm 36 HUN 2/18 1.0/ 6 0 0 0 0 = . . = X 2482 -16
7E RONDE LE 8 DÉCEMBRE À  15H00
Gawain Jones 2644 - Levon Aronian 2815 : ½-½ (31) Défense Grünfeld
Michael Adams 2710 - Luke McShane 2713 : ½-½ (84) Berlinoise
Judit Polgar 2705 - Vishy Anand 2775 : ½-½ (32) Sicilienne Sozin
Hikaru Nakamura 2760 - Magnus Carlsen 2848 : ½-½ (58) Sicilienne Alapin
Vladimir Kramnik (exempt) - commente les parties

Vladimir Kramnik, de repos aujourd'hui, est venu commenter les parties. Le nombre impair de participants au tournoi permet ainsi aux spectateurs et aux internautes de bénéficier de l'avis d'un joueur de l'élite. L'ancien Champion du Monde a notamment expliqué que les parties devaient être suivies sans l'assistance d'un logiciel. Il s'agit de comprendre les idées, pas de savoir si tel coup est meilleur que tel autre car l'ordinateur varie de quelques décimales dans l'évaluation. Kramnik préfère quelqu'un de bon niveau qui explique, quitte à se tromper, plutôt qu'un commentateur qui se contente de répéter les lignes suggérées par l'ordinateur. Le champion russe a insisté sur l'importance de la psychologie dans une partie : « un ordinateur n'a jamais peur », remarquait-il ironiquement.

La partie entre Judit Polgar et Vishwanatan Anand n'a pas duré très longtemps. Pourtant, le choix de la variante Sozin face à la défense Najdorf pouvait laisser espérer une partie animée. Après plus de 15 coups théoriques, les pièces s'échangent, notamment les Dames au 26e coup. La finale Tour-Cavalier n'offrait que peu de perspectives et les deux joueurs, qui ne peuvent être satisfaits de leur début de tournoi, se sont accordés sur le partage du point.

Jones-Aronian après 20.Txd4

Gawain Jones et Levon Aronian ont suivi une partie entre les Grands Maîtres Hammer et Erdos (Championnat grec par équipe 2012, victoire des Blancs en 34 coups) jusqu'au 16e coup. Erdos avait joué 16.Dg4, Aronian a lui opté pour 16.De8. Jones poursuit son attaque par 17.h5, et après 17...Fg4 18.Cxd4 cxd4 (la prise en d1 est contrée par 19.Ce6 avec une attaque gagnante) 19.hxg6 Dxg6 20.Txd4 on obtient la position du diagramme ci-contre. Kramnik expliquait combien cette position est difficile à jouer pour les Noirs, peu importe l'évaluation de l'ordinateur : le Cavalier en b6 est très faible, et la Tour peut venir le menacer (et indirectement le pion b7) en venant en b4, le Fou peut se retrouver en position précaire après f5, les Blancs disposent d'une belle batterie Tour-Dame sur la colonne "h". Mais le joueur anglais va permettre l'échange des Dames, ce qui permet aux Noirs de soulager considérablement leur position. Les Blancs n'ont plus grand chose et, après l'échange ultérieur de Tours et des Fous,  les deux joueurs répètent les coups.

Nakamura-Carlsen après 16.Ta2

L'affiche de la journée était le match entre Hikaru Nakamura et Magnus Carlsen. Comme ils l'ont expliqué en souriant lors de la conférence de presse d'après match, chacun a surpris l'autre dans l'ouverture : Carlsen en utilisant la défense sicilienne, Nakamura en utilisant la variante Alapine qui survient après 3.c3. L'Américain expliquait qu'il avait préparé cette variante pour Topalov lors du Grand Prix de Londres, mais il n'avait pas eu l'occasion de l'utiliser. Son plan est de développer le Fou de cases noires par a3, b4, Fb2. Un des problèmes de ce plan est comment activer la Tour a1; Nakamura choisit de la faire venir en d2, via a2. Mais, après 16.Ta2 (voir diagramme), Carlsen place une petite combinaison, où tout est quasiment forcé : 16...Cdxb4! 17.axb4 Cxb4 18.Tad2 Txd3 19.Txd3 Cxd3 20.Dxd3 Td8 21.De2 Txd1+ 22.Txd1 Fxf3 23.gxf3 Dxe5

Bilan : les Noirs ont obtenu 3 pions pour la pièce sacrifiée, et ont endommagé le roque des blancs (2 pions sur la colonne "f" et un pion isolé en h4). La position est à leur avantage. Heureusement pour les Blancs, ils disposent de contre-jeu en raison de la faiblesse de la 8e rangée noire. A l'analyse, Magnus Carlsen dut reconnaître qu'il avait sous-estimé 26.De8, qui paralyse le Fou. Les Blancs parviennent à capturer les 2 pions de l'aile-Dame en échange de leur pion h4. La finale qui en résulte oppose Dame, Fou et 2 pions doublés pour les Blancs  contre Dame et 4 pions pour les Noirs, avec les pions sur la même aile. Nakamura jouera quelques coups pour s'assurer qu'il ne peut progresser, et répétera les coups.

La dernière partie opposait Michael Adams à Luke McShane. Elle a confirmé ce que déclarait Kramnik : les joueurs sont soumis aux émotions et à la fatigue inhérente à une partie. Le champion russe constatait qu'à son âge (37 ans) il ressentait beaucoup de fatigue en fin de tournoi, comme l'illustrent certains de ses derniers résultats. Ce fut également le cas dans la partie entre les deux Anglais.

Adams-McShane après 45...Te6

Avec les Blancs, Michael Adams avait obtenu un léger avantage, caractérisé par le contrôle de l'importante case d5, voir la position du diagramme ci-contre. Après 46.a5 Dc7 46.b4 cxb4 47.Dxb4 Td8 48.axb6 axb6 49.Tb5, les Blancs sont parvenus à créer une nouvelle faiblesse dans la position noire, le pion b6. La position est très difficile à défendre en pratique pour les Noirs, surtout après plusieurs heures de jeu. McShane va gaffer (57...Tc3??, il vaut mieux garder la Tour sur la colonne "f"), et on a cru que l'amateur allait subir une nouvelle défaite, Adams ayant trouvé la suite gagnante. Mais l'opiniâtreté de McShane paya, quand Adams gaffa à son tour (65.Tf8??) après avoir répété les coups pour bénéficier de l'incrément de 30 secondes. 65...Db3 permet aux Noirs de trouver une nulle miraculeuse, grâce au contre-jeu sur le Roi blanc.