Efim Geller vs Dragoljub Velimirovic, 1971

Efim Geller, Mikhail Tal, Anatoly Karpov, Tigran Petrosian et Semyon Furman
« Les grandes parties du passé » par Georges Bertola. Ce qui distingue Efim Geller c’est le score obtenu face aux champions du monde. 4-1 contre Botvinnik, 10-7 face à Smyslov, 4-2 contre Petrosian, 5-3 face à Fischer, 1-1 contre Euwe et Karpov.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par les forces russes du dictateur Poutine, il m’est revenu en mémoire ces années de guerre froide et ce sentiment d’impuissance que j’avais ressenti à Lugano en 1968 lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’URSS. Les joueurs tchèques, Kavalek notamment, avaient tenté le dialogue avec Petrosian et Spassky, sans grand succès.

En 1976 mon entretien avec Geller ne s’était pas très bien passé car un fossé nous séparait sur le plan politique et idéologique.

Nous sommes à nouveau dans la même situation si ce n’est qu’une figure légendaire des échecs, l’ex-champion du monde Karpov, est complice de cette agression après avoir voté pour la guerre à la Douma. Un opportuniste qui se présentait déguisé en homme de paix et qui incarne aujourd’hui la négation du slogan de la FIDE. Nous ne sommes désormais plus de la même famille.

Efim Petrovich Geller (8 mars 1925-17 novembre 1998) né dans une famille juive qui résidait à Odessa fut l’un des plus forts joueurs de l’âge d’or des échecs soviétiques (candidat au titre mondial depuis le tournoi de Zürich 1953) et ceci pendant plusieurs décennies.

Efim Geller et Robert James Fischer en 1962

Ce qui distingue Geller c’est le score obtenu face aux champions du monde.

«Il suffit de dire qu'il y a eu environ 200 parties de ce genre. Bien sûr, elles n'ont pas toutes été joués avec des « Rois des échecs » qui régnaient à l'époque. Ainsi Max Euwe est devenu ex-champion du monde à l'époque où j'apprenais seulement les mouvements de pièces. Vasily Smyslov et Mikhail Tal ont chacun détenu le titre pendant un an seulement, et Bobby Fischer, après être devenu champion, n'a plus joué sérieusement aux échecs. Mais ce n'est pas important. Les champions - qu'ils soient futurs ou anciens - à n'importe quel stade de leur carrière, appartiennent aux adversaires les plus intéressants et significatifs. »

Contre la majorité d'entre eux, j'ai un score positif. Si les parties nulles ne sont pas comptées, mon score contre Botvinnik est de 4-1, Smyslov 10-7 (et au total, j'ai joué environ 50 parties contre lui), Petrosian 4-2 et Fischer 5-3. J'ai fait 1-1 contre Euwe et Karpov, et ce n'est que contre 2 champions du monde que j'ai un score négatif : contre Tal 4-6 et Spassky 6-9. » GM Geller en 1984

Ses débuts furent précoces.

« Je ne peux pas dire quand j'ai appris à jouer aux échecs car je me souviens que j'avais environ 3 ou 4 ans quand j'ai vu des pièces d'échecs pour la première fois. A cette époque, mon père était un joueur passionné. Il avait appris à jouer avec le célèbre maître soviétique Verlinsky* qui a été champion soviétique en 1929. Presque tous les soirs, les amis et connaissances de mon père se réunissaient chez nous et, pendant des heures, je les regardais fasciné pendant qu'ils jouaient. » Geller en 1962

Boris Verlinsky (1888-1950)

*Boris Verlinsky (1888-1950) sourd-muet fut le premier à obtenir le titre de « Grand-Maître soviétique » en 1929, titre qui lui fut retiré en 1931.

Geller réalise des progrès constants jusqu’à la Seconde Guerre mondiale avec une pratique régulière et une étude approfondie de la théorie.

« A la fin de 1939, j'ai obtenu les normes de première catégorie et atteint le stade de la compréhension dans une certaine mesure des idées des échecs modernes. J'ai étudié Alekhine et particulièrement les meilleures parties de Botvinnik. J'ai essayé d'utiliser les idées que j'ai tirées de ces parties dans mes propres parties de tournoi. »

Efim Geller et Tigran Petrosian au début des années 50

Geller obtint le titre de « Grand-Maître soviétique » en 1952, à 27 ans. Sa progression fut ralentie comme beaucoup de joueurs de sa génération car il fut mobilisé pendant la Deuxième Guerre mondiale (entre 1941-1945) comme mécanicien dans l’aviation.

« L'organisation de la vie échiquéenne de notre système est tel que dès votre plus jeune âge, vous pouvez devenir un membre des innombrables sections d'échecs des « Palais des Pionniers » et vous apprenez le jeu et développez un amour pour celui-ci auprès de maîtres qualifiés. Vous pouvez jouer dans des tournois et si vous vous montrez prometteur, vous aurez la chance de rencontrer une opposition de plus en plus forte. » Geller en 1962

Efim Geller et Mikhail Botvinnik

Selon Geller c’est cette structure très organisée qui a permis aux Soviétiques de dominer les échecs mondiaux durant la 2e moitié du XXe siècle.

« Une grande autorité, Emmanuel Lasker, a dit un jour que chaque joueur de capacité moyenne pourrait atteindre le niveau de maître s'il y travaillait assez dur, mais nous ajouterions à cela, étant donné l'existence d'une vie échiquéenne bien développée dans votre pays, et c'est juste ce facteur que nous apprécions pleinement. 

On me demande souvent comment nous nous entraînons pour les tournois. La réponse est que nous suivons presque tous les méthodes établies par Botvinnik, le fondateur, à mon avis, de l'école soviétique des échecs. »

En quoi consiste cette méthode ?

Elle peut être résumée brièvement comme suit :

1) Une attention particulière est accordée à la préparation des ouvertures afin de gagner du temps et d'essayer de jouer dans des positions qui nous sont familières. La préparation générale comprend l'étude des dernières innovations et pour tenter de pénétrer toujours plus profondément dans les secrets de ces systèmes d'ouverture qui sont le plus couramment employés de nos jours.

Une préparation spécifique a pour but de semer la confusion chez l'adversaire. A cet effet, ses parties précédentes sont minutieusement étudiées afin de déterminer quels sont ses points forts et quelles sont ses faiblesses.

2) Jouer sur l’échiquier pour cultiver la pratique et la mise en forme.

3) Des efforts individuels sont faits pour essayer de corriger ce qui est reconnu comme des faiblesses dans notre jeu.

4) Entraînement physique.

Efim Geller, Mikhail Tal, Anatoly Karpov, Tigran Petrosian et Semyon Furman

Cette méthode est sensée prouver la supériorité de l’URSS sur les USA durant cette période de guerre froide.

« Si l'on prend l'exemple des deux pays les plus développés du monde, l'URSS et les USA, on constate une immense différence. Les Etats-Unis n'ont que des vedettes isolées, quelques clubs aristocratiques pour s'amuser plutôt qu'une occupation sérieuse. Il n'est pas étonnant qu'aux échecs comme dans d'autres domaines de la culture, les Etats-Unis soient constamment en retard sur notre pays et, ces dernières années, sur d'autres pays du camp socialiste. 

Notre littérature échiquéenne très riche, notre système de compétitions bien pensé, les apparitions régulières de nos meilleurs joueurs devant un public nombreux, tout cela crée des conditions exceptionnellement favorables au développement de nouveaux Smyslov, Spassky et Petrosian. » Geller en 1962

En 1955 une première consécration, champion de l’URSS !

« Le titre de champion soviétique est un grand honneur et exceptionnellement difficile à remporter. Cet événement attire normalement la crème des échecs soviétiques et est beaucoup plus fort que les tournois internationaux normaux. Le titre de champion de l’URSS se situe juste derrière celui de champion du monde. »

Yuri Razuvaev et Efim Geller à Lucerne en 1982

En fin de carrière Geller était devenu entraîneur, notamment des champions du monde Spassky et Karpov.

« Très, très difficile, beaucoup de travail, beaucoup de tension nerveuse… je préfère jouer ! » Geller en 1976

Quand un clouage a plus de valeur qu’une Tour.

« Il y avait essentiellement deux facteurs qui donnaient à la partie suivante une telle nature de combat. Premièrement, mon jeune adversaire était un joueur avec un style d'attaque tranchant, et je voulais le forcer uniquement à défendre. Deuxièmement, la partie s'est déroulée à la sixième ronde lorsque Dragoljub Velimirovic menait avec un score de 100%. Je ne pensais naturellement qu'en termes de victoire.

En principe, bien sûr, il est correct d'affirmer qu'il faut simplement jouer aux échecs selon la nature de la position atteinte. Mais avant le début d'une partie, chaque joueur s'accorde néanmoins pour un certain type de combat et pour un certain résultat. Moi, par exemple, j'ai toujours plus de facilité à me motiver si j'ai besoin de gagner. Si, dans le classement du tournoi, un match nul me convient, j'ai beaucoup plus de mal à me forcer à viser le demi-point… » Geller

Efim Geller
Dragoljub Velimirovic

Efim Geller « commente »

Geller,Efim P - Velimirovic,Dragoljub, Capablanca Memorial-08 Havana (9), 07.03.1971. Est-Indienne, Système Yougoslave [E66]

1.f3 f6 2.d4

« Cet ordre de coups est dicté par le désir de ne pas permettre à Velimirovic de jouer sa défense favorite, la Benoni, après  3…c5. »

2...g6 3.c4 g7 4.g3 0-0 5.g2 d6 6.0-0 c5

« Les Noirs laissent pour l’instant leur pion « e » en place, et attaquent le centre blanc par …c5, tentant d’accroître le champ d’activité de leur Fou g7. »

7.c3

« Les Blancs maintiennent pour l’instant la tension au centre se préparant à gagner un temps avec la poussée d5 et à fermer le jeu pour un certain temps. »

7...c6 « Une continuation critique. » 8.d5

Le tranquille 8.e3 d5 L’alternative est de développer le Fou sur g4 ou f5. 9.cxd5 xd5 10.xd5 xd5 11.e5 d6 12.c4 c7 13.d5 d8 14.d2 Mamedyarov,S   (2801) - Carlsen, M (2842) Biel 2018. 14...e5 15.xe5 xe5 = GM Anish Giri

8...a5

Geller - Velimirovic, 8...a5

« La position clé de la variante qui a été évaluée très finement par l’ancien champion du monde Tal : - Le Cavalier en a5 va se révéler soit une pièce active, soit une pièce mal placée. Le résultat de la partie dépendra dans une large mesure de la réponse à cette question :  les Noirs vont-ils pouvoir utiliser leur Cavalier pour faire pression sur c4, ou pour être transféré sur l’aile Roi par b7 et d8 ? Si les Noirs ne parviennent pas à mener à bien l’un de ces plans, leur position sera normalement difficile. - Le pion c4 est maintenant attaqué. »

9.d2 e5

« Les Noirs font passer le centre de gravité du jeu de l’aile Dame au centre puis à l’aile Roi. Récemment ce plan est devenu spécialement  populaire. L’inconvénient est qu’il est encore plus difficile de ramener en jeu le Cavalier a5 que lorsque l’action prenait place sur l’aile Dame. De mon point de vue, ce plan n’est pas tout-à-fait justifié positionnellement. Les Noirs limitent l’action de leur propre Fou g7, et les perspectives pour le Cavalier a5 deviennent même sombre. Plus solide est la variante usuelle avec …a6, …b8 et …b5. »

Instructif 9...e6 10.c2 exd5 11.cxd5 d7 12.b3 b5 13.b2 c8 14.ce4 b7 15.xf6+ xf6 16.a4 b4 17.xf6 xf6 18.c4 g7 19.a5 a6 20.b6 c7 21.xd7 xd7 22.c4 a8 23.e4 += les Noirs ont une position solide mais statique. ½-½ (44) Leko,P (2663)  -Carlsen,M (2863) INT 2020.

10.e4

« Cette continuation fut introduite dans la pratique par l’auteur de ces lignes. Les Blancs vont jusqu’à provoquer leur adversaire à jouer …f5 avec l’idée que, sur cette partie décisive du champ de bataille, ils disposent d’une pièce de plus. Sur l’aile Dame, les Blancs tiennent la position par b3 mettant en relief l’inactivité du Cavalier en a5. »

Après 10.dxe6?! xe6 11.a4 a6 12.d1 c7 13.d5 xd5 14.cxd5 f5 15.e4 b5 =+ MI A. Martin les Noirs peuvent contester l’initiative.

Une partie Larsen-Gligoric (Dallas 1957) fut l’une des premières à obtenir cette position de ce que l’on a désigné comme la variante yougoslave, elle se poursuivit avec 10.a3 b6 11.b4 b7 12.b3 e8 13.e4 f5 14.exf5 gxf5 15.b2 d7 16.b5 g5 17.f4 g6 Larsen,B-Gligoric,S Dallas 1957 et ici 10. a4 += (GM Soltis).

Magnus Carlsen a préféré le flexible 10.b3 g4 11.h3 h6 12.de4!? f6 (12...f5 13.g5 e4 14.d2 Carlsen) 13.xd6!? Un sacrifice positionnel qui change radicalement le cours du jeu. 13...xd6 14.e4 d8 15.xc5 f5 (15...c7!? Carlsen) 16.d6 e4 17.d7 += Carlsen,M (2690) -Morozevich,A (2741)  Morelia/Linares 2007

10...g4

« Tout ceci est survenu avant, bien que dans une position légèrement différente. Le coup de Cavalier avait été joué en réponse à 10.c2 et aussi dans la 10e du match lors du championnat du monde Petrosian-Spassky en 1966, avec l'inclusion de …a6 pour les Noirs  et c2 pour les Blancs et, avec une légère transposition des coups, la  partie continua 12.b3 f5 13.exf5 gxf5 lorsque 14.d1 blanc provoqua l'attaque de l'adversaire. »

« Lors du tournoi d’Amsterdam en 1970, Langeweg joua contre moi 10...e8 et après 11.b3 f5 12.exf5 gxf5 13.b2 f6 14.c2 d7 (14...a6 est un petit plus peu précis, pour exécuter immédiatement le  plan usuel avec …b8 et …b5.) 15.ae1 a6 16.d1 b5 17.e3 h5 18.f3 g5 19.xh5 xh5 20.f4 et les Blancs ont obtenu l’avantage. » 1-0 (29)  Geller,E-Langeweg,K Amsterdam 1970

« g4 est la position la plus active pour le Cavalier. Si les Blancs jouent 11.h3 le Cavalier se retire sur h6 soutenant la poussée f7-f5 et peut, si nécessaire, venir sur f7 pour contrôler les cases importantes e5 et g5. » GM Marovic

11.b3

« Dans cette position, certains joueurs préfèrent jouer sur l’aile Dame impliquant la préparation de b2-b4 et une telle recommandation peut être trouvée dans de nombreux guides d'ouverture. Il est plus critique, cependant, de souligner l'état isolé du Cavalier noir par le coup de la partie, et «  avec une pièce supplémentaire » mener la bataille au centre et du côté du Roi. »

Intéressant 11.h3 h6 12.b3 f5 13.exf5 gxf5 14.b2 et ici :
a) 14...b6 15.f4 d7 16.c2 f6 17.e2 g6 18.f3 e4 19.h4 f7 20.xg7 xg7 21.c3 a6 22.xg7+ xg7 23.fc1 b5! 24.c3 ab8 25.d1 bxc4 26.bxc4 b4 27.f1 fb8 28.e3 += Geller, E-Ree,H Amsterdam 1970
b) 14...d7 15.e2!? (15.c2) 15...a6 16.ae1 b8 17.d1 b5 = Iordachescu,  V (2584)-Stevic,H (2608) Baku 2016)

11...f5 12.exf5 e4?

Geller - Velimirovic, 12...e4?

« Velimirovic tente prématurément de prendre l'initiative et se heurte à une réfutation. Correct était bien sûr le plus tranquille 12...gxf5 13.h3 f6 14.b2 et la position des Blancs est préférable. Leur plan consiste en c2, ae1 et d1-e3 augmentant la pression sur le centre noir. Le fait que le Cavalier a5 ne joue pas est un désavantage sérieux. »

13.f6!

« Les Blancs ont déjà décidé de sacrifier leur Tour. Il n’était pas possible, bien sûr, de calculer toutes les variantes sur l’échiquier mais je répugnais à abandonner une idée aussi intéressante. En ce qui concerne la correction du sacrifice, j’étais rassuré par des considérations du type suivant : le clouage qui allait survenir sur la diagonale d8-h4 donnerait nécessairement un bon jeu aux Blancs. »

13...xf6 14.dxe4!!

Geller - Velimirovic, 14.dxe4!!

« 14.b2 aurait forcé les Noirs à se séparer de leur pion avancé e4 mais la position après 14...e3 15.fxe3 g4 était justement celle qu’ils désiraient obtenir. Maintenant commence une variante forcée. »

14...xe4 15.xe4 xa1 16.g5 f6

« Les Noirs ne peuvent pas éviter le clouage suivant car si la Dame bouge, le Fou en a1 est perdu et avec un matériel pratiquement équivalent (un pion  pour la qualité), les Blancs obtiennent une très forte attaque. »

17.xf6+ xf6 18.a1 f7 19.e1

« Bien qu’ils aient une Tour de moins, les Blancs se présentent avec une supériorité numérique sur le principal secteur de combat. Il est difficile pour les Noirs de mettre leurs pièces de l’aile Dame en jeu. »

19...b8

Geller - Velimirovic, 19...b8

« De simples coups de développement ne sont pas suffisants : sur 19...d7 (ou 19...f5) suit 20.c3! avec la menace 21.xf6 xf6 22.xa5 20...b6 la seule parade 21.e6! et les Blancs gagnent, car le coup forcé 21...xe6 mène à l’ouverture de la grande diagonale blanche, 22.dxe6+ et les Noirs perdent du matériel. »

« L’autre défense était 19...h6 mais cela n’aurait pas sauvé la partie après la simple réplique 20.xh6 :
a) 20...f5 21.g5 c8 22.g4 xg4 23.e4 f5 24.h4+-
b) 20...h8 21.g5 d7 (21...f5 22.c3 b6 23.e6+-) 22.e4 f5 (22...f8 23.h4 g7 24.h6 g8 25.xf8 xf8 26.h7+ e8 27.e1+ d8 28.xa5++-) 23.e7+ g8 24.xh8+ xh8 25.d2 avec avantage décisif pour les Blancs. »

Plus tard le GMI I. Zaïtsev proposa 19...h8! mais 20.e3!? et ici :
a) 20...d7 21.e1! avec les menaces 22.xa5 et 22.e7+ 21...e8 22.xa5 xe3 les Noirs ont encore des ressources.
b) 20...b6 21.f3 f5 22.g4
c) 20...f5 21.h3 h5 22.f3 suivi de la poussée g4 et dans les 2 cas les Blancs conservent l’initiative.

20.e3 b6

« Défendant le Cavalier qui était « en l’air » dans certaines variantes. »
« Pas mieux : 20...f5 21.h3! h5 22.g4 hxg4 23.hxg4 xg4 24.e4 f5 (24...h5 25.e6) 25.h4+- »

21.f3 f5 22.g4 h8

Geller - Velimirovic, 22...h8

23.xf6

« La solution la plus simple, les Blancs transposent dans une finale gagnante. »
« 23.h3 n'était pas aussi clair après 23...g8 »

23...xf6 24.xf6+ xf6 25.gxf5 gxf5 26.e3

« Une étape importante dans la réalisation de l’avantage blanc. L’attaque directe du pion f5 par 26.h3 permettrait aux Noirs de tenir par 26...g8+ 27.f1 g5 mais maintenant la Tour blanche pénètre dans la position adverse. »

26...b7

« Les Noirs auraient dû jouer 26...b5 27.e6+ g5 28.cxb5 xb5 29.xd6 (29.f1! b4 30.xd6 c4 31.xc4 xc4 32.bxc4 xc4 33.a6 est meilleur. Georges Bertola) 29...c4! maintenant ils sont complétement perdus. » GM Marovic. Si 30.f1 cxb3! 31.axb3 xb3 32.a6 b7 33.xa7 b1 et le gain reste compliqué pour les Blancs.

27.e6+ f7 28.f3

« La menace d’échec en h5 par le Fou détruit complètement la coordination des pièces noires. »

28...g8+ 29.f1 f8

« Les Noirs ne peuvent défendre h5 : 29...g5 30.h4 »

30.h5 g5 31.e8+ g7 32.e7+ h6 33.xb7

« Les Blancs n’ont pas de raison de craindre une finale de Tours. »

33...xh5 34.xa7 xh2 35.d7

Geller - Velimirovic, 35.d7

« Les Blancs désirent obtenir quelque chose comme 3 pions passés liés, ce que les Noirs sont incapables de prévenir avec succès. »

35...g5 36.xd6 f4 37.e2 b5 38.cxb5 e5 39.d7 h4 40.a3

« La masse des variantes compliquées qui sont apparues dans la  partie que sous forme de notes a requis beaucoup de temps et il n’est pas surprenant que les Blancs se soient retrouvés en sévère zeitnot. Le dernier coup qu’ils effectuent avant le contrôle du temps leur complique un peu la vie. »

« Il y avait un gain forcé par 40.b6 b4 41.b7 h5 42.a4 h4 43.a5 h3 44.a6 h2 45.h7 »

40...h3 41.f3 d4

« Voilà le coup que, dans leur hâte, les Blancs n’avaient pas vu. Cependant la fin n’est  retardée que d’environ 5 coups. »

42.b6 h2+ 43.e1 h1+ 44.f2 h2+ 45.e1 h1+ 46.f2 h2+ 47.g3 b2 48.b7 xb3 49.a4 c4 50.a5 c3 51.a6 b6 52.c7 1-0

Geller - Velimirovic, 52.c7 1-0

Une partie instructive considérée comme l’une des meilleures de l’Informateur n° 11.

Efim Geller à Bienne en 1976 | Photo Marianne Bertola

La première fois, et la seule, où j’ai eu un entretien avec Geller était lors du tournoi interzonal de Bienne en 1976. Il avait alors la réputation d’être l’un des meilleurs théoriciens et analyste en exercice.

A cette époque, il était permis de fumer à l’échiquier et Geller fumait beaucoup. Lorsque c’était à son adversaire de jouer, il se dandinait lentement, de taille plutôt modeste, dans la salle en observant les autres parties. Il avait plutôt l’apparence d’un boxeur ou d’un catcheur plutôt que celle d’un grand-maître de premier plan. Je me souviens qu’il était d’un abord difficile, plutôt bourru et que sa vision manichéenne des deux blocs ne facilitait pas le contact. Les pays socialistes étaient sur la voie de « l’avenir radieux », par contre à l’Ouest les pays capitalistes possédaient presque tous les défauts. Un discours de propagande, alors que je crois savoir qu’il n'a jamais été membre du parti communiste.

Signature d'Efim Geller

J’étais particulièrement peu réceptif car cette même année un livre du dissident Alexandre Zinoviev « Hauteur béante » m’avait fortement impressionné et apportait un témoignage totalement différent sur les bienfaits du régime soviétique.

Geller devait être couronné une dernière fois en 1979, à 54 ans, champion de l’URSS.

« Je tiens à remercier Gérard Demuydt pour la mise en ligne de mes articles et tous les lecteurs de leur soutien. » Georges Bertola

Sources principales :

– L’Informateur no.11
– Grandmaster Geller at the Chessboard (The Chess Player 1969)
– The Application of Chess Theory Geller (Pergamon Press 1984
– Play the King’s Indian Defence Marovic (Pergamon Press 1984)
– King’s Indian Defense Yugoslav Variation Soltis (Chess Digest 1997)
– New in Chess 1/1999

Geller,Efim P - Velimirovic,Dragoljub, Capablanca Memorial-08 Havana, 1971

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Les réactions (2)

  • petitKarpov

    Il y a une erreur dans l'article: Karpov mène 2-1 en partie classique contre Geller

    • EuropeEchecs

      Comme vous l'avez certainement lu dans l'article, Georges Bertola a rencontré Geller en 1976, alors que la deuxième victoire de Karpov l'a été en 1983. Ce n'est donc pas une erreur.