In memoriam Mikhaïl Tal

Mikhaïl Tal (9 novembre 1936 - 28 juin 1992)
Le 28 juin 1992 disparaissait le 8e champion du monde, l’un des plus extraordinaires talents combinatoires de l’histoire. Par Georges Bertola. « Je joue toujours pour le gain. Une action timorée et indécise ne fait que favoriser la menace de défaite. »

Mikhaïl Tal, le magicien de Riga !

Il était né à Riga, en Lettonie, le 9 novembre 1936. La muse des échecs, la divine Caïssa, lui avait offert un don. Tal devint le plus pur tacticien de son époque, l’un des virtuoses les plus éblouissants que ce jeu ait connu. Son talent était phénoménal. Il le portera jusqu’à la couronne mondiale. Et pourtant, il aimait sacrifier ses pièces comme ces héros romantiques qui se défiaient à Londres ou à Paris, au Simpson’s ou au Café de la Régence. Comme Greco et après lui Le Calabrais, les Italiens du 18e, Tal était un adepte du jeu flamboyant. Tout pour le mat ! Viser les pions f2 ou f7 du camp ennemi. Toute pièce a une valeur relative. Exercer une pression maximale. Un désavantage matériel n’est pas un facteur déterminant. S’il s’agit d’ouvrir une brèche
décisive, l’initiative prévaut !

Le jeune Tal en 1955.

Jeu hypnotique

Tal était un joueur, dans tous les sens du terme. Loin du cliché du génie glacial ou « dans sa bulle », il était sociable. Un champion facétieux. Lorsqu’il lançait l’assaut, il sentait la salle vibrer d’un murmure, comme se souvient Yuri Averbakh : « Tal a sacrifié ! Tal a encore sacrifié ! » Sur scène, il se sublimait. Il jouait de son regard, direct, profond. Il avait les yeux d’un serpent qui fixe sa proie. Tal hypnotisait son
adversaire. Ses sacrifices étaient peut-être parfois incorrects. L’art de défendre, en l’occurrence, consistait à le démontrer sur l’échiquier. Une hésitation, une incompréhension, une manœuvre de bras légèrement trop brusque, et la mise à mort du Roi était assurée ! Tal jouait de la psychologie, et de la peur que sa légende inspirait à ses rivaux. « Tueur » insaisissable, il se fit aussi durement contrer, surtout que l’ère soviétique était celle d’un jeu scientifique, profondément analytique. C’est dire son exploit d’avoir dominé Botvinnik (12,5-8,5), titre mondial en jeu, en 1960.

« Le don du grand-maître Tal pour calculer et remonter rapidement le cours des variantes, pour amener le jeu sur son propre terrain, pour compliquer dans des positions apparemment tranquilles va de pair avec son talent pour anticiper et bouleverser les plans de l’adversaire en utilisant des moyens tactiques. » David Bronstein

Beauté insensée

Sa santé était fragile, et il ne se ménagea pas. Comme à Curaçao 1962, il n’aurait sans doute pas dû disputer le match-revanche de 1961, gagné par Botvinnik 13-8. Son nom est associé à la beauté suprême de ce jeu. Comme Morphy, La Bourdonnais, Anderssen et sans doute Ivanchuk. Il aimait vaincre prodigieusement, plus que tout ! Et possiblement, plus que la victoire elle-même. Où est le déséquilibre de la position, où se situe la faille du jeu adverse ? Il prenait des risques « insensés » et jouait sa partition sans peur. Voyons !? Et comme les champions sont souvent les fils de leur temps, quand ils avaient 20 ans. En 1956, James Dean était une icône planétaire. Aux États-Unis, comme de l’autre côté du rideau de fer, il y avait une fureur de vivre dans la jeunesse. En 1953, s’était achevé le règne de Staline.
C’était le temps de Khrouchtchev, celui de la « liberté retrouvée » ou de son illusion. Son jeu était contraire aux dogmes de Botvinnik. Il incarnait celui d’un art libre. 25 ans après, nul ne peut manquer de célébrer le grand Misha Tal. Et l’homme était d’une modestie égale à la hauteur de son génie.

« Tal possédait à la fois une grande mémoire et une faculté pour trouver des réponses plus rapidement que les autres grands-maîtres, dans les cas où ses pièces sur l’échiquier disposaient d’une grande mobilité, et cet élément revêt une grande importance. Le jeune Tal était peu intéressé par un jugement de la position qu’il cherchait à obtenir, même si objectivement, elle pouvait être mauvaise, ceci, toutefois aussi longtemps que ses pièces demeuraient mobiles. » Mikhaïl Botvinnik

Tal, le magicien de Riga !

La première participation de Mikhaïl Tal au championnat de l’URSS survint lors de la 23e édition à Leningrad, en 1956. Tal n’avait pas 20 ans. Sa performance le projeta sur le devant de la scène, et fut l’objet de critiques très controversées. Il apparut
rapidement comme l’un des héros du tournoi, nerveux, impétueux avec des yeux noirs, ardents, qui scrutaient intensément l’adversaire. Sa prestation provoqua enthousiasme et admiration. Son style audacieux voire téméraire en fit bientôt un phénomène auprès du public, mais il fut aussi l’objet de remarques dubitatives de ses pairs sur la qualité et la correction de son jeu, qualifié souvent de chanceux.

Au-delà du raisonnable

Alexander Koblenz fut son entraîneur de 1955 à 1979. Il remarqua que, dans ce tournoi, « Tal joua avec aisance et rapidité. Il ne se retrouva jamais à court de temps. Alors que ses adversaires étaient occupés à examiner des variantes compliquées, Tal se promenait dans la salle de jeu, s’intéressant aux déroulements des autres parties.
Et ceci même si l’évolution de ses parties présentait des dangers. Trop souvent, Tal alla au-delà des limites du raisonnable et, dans plusieurs parties, il se trouva au
bord de l’abîme, frôlant la défaite. » Contrairement à Tigran Petrossian, qui avait un sens du danger très développé, Tal avoua n’en avoir aucun : « Je ne comprends toujours pas comment j’ai pu passer au travers de tant de tournois importants sans connaître la défaite. » Botvinnik, alors champion du monde, écrivit à son propos dans la revue Shakmaty v SSSR, cette année-là, en 1956 : « Il est difficile aujourd’hui de citer un joueur qui sache sauver autant de positions désespérées. »

La 1re immortelle de Leningrad

Cette partie oppose Tal à Vladimir Simagin (1919-1968), qui mourut à 49 ans, foudroyé par une crise cardiaque pratiquement sur l’échiquier. Elle retint particulièrement l’attention, exemplaire pour illustrer son style en plein essor et inimitable. Le jeune Tal minimisa pourtant son exploit avec cette remarque non dénuée d’humour, au vu des nombreuses analyses qui découlèrent de cette rencontre, durant des décennies : « Je débutais bien ce 23e championnat de l’URSS et l’une de mes victoires, celle remportée sur Simagin, fut publiée dans plusieurs revues d’échecs. Toutefois, il n’y a qu’un coup qui s’avéra difficile : 15.b1!!, et c’est après l’avoir trouvé dans mes calculs préliminaires que j’ai décidé de sacrifier mon Cavalier sur f7! » Sous pression, Simagin se retrouve au cœur du problème des difficultés provoquées par les sacrifices « positionnels » de Tal. Les variantes n’ont justement pas un caractère forcé.

Mikhaïl Tal
Vladimir Simagin

Tal, Mihail - Simagin, Vladimir Pavlovich, URS-ch23 Final Leningrad (3), 14.01.1956. Défense Tchèque [B07] Commentaires par Mikhaïl Tal

1.e4 c6 2.d4 d6

Koblenz : « Simagin, en plaisantant, remarqua ici : les forces m’ont manqué pour pousser le pion de deux cases ! Naturellement, 2...d6 est parfaitement jouable avec le but de quitter les sentiers battus. »

3.c3 f6 4.f4 b6

Georges Bertola : A la fin des années 1960, les maîtres tchèques Jansa et Pribyl analysèrent le plus pointu 4...a5!? qui a l’avantage d’exercer un clouage sur le défenseur du pion e4 et fut joué assez régulièrement dans les tournois.

5.f3 g4 6.e2 bd7 7.e5! d5 8.0-0 xc3 9.bxc3

Après 9.bxc3

9...e6

Koblenz : Une imprécision, il fallait d’abord éliminer le dangereux Cavalier avec 9...xf3

10.g5! xe2 11.xe2 h6

Koblenz : Invitant les Blancs à sacrifier. 11...g6? permettait de détruire l’aile-Roi après 12.f5! gxf5 13.h5 xe5 14.xe6 g6 15.xf8. « Un commentaire confirmé par la partie suivante. 15...xf8 16.e1+ d8 17.xf7 c7 18.g5+ c8 19.e8+ 1-0 (19) Pereira,A (2300)-Ribeiro,F (2240) Lisbon 1995 » Europe-Echecs

12.xf7! Un sacrifice de pièce au 12e coup !

Après 12.♘xf7!

12...xf7 13.f5!

Psakhis : « Ceci est un coup évident dans cette position et je suis certain qu’il a été joué sans trop d’hésitation. Le pauvre Roi noir est sous le feu des pions et pièces blanches, et son existence n’est plus que dévotion pour sa survie. »

13...dxe5?!

Soltis : Combien de coups un maître peut-il anticiper ? Ceci dépend bien sûr de la position, mais Tal a vu jusqu’au 15e coup, voire au-delà. Aidé en cela par la clarté de sa vision de la position : les Noirs n’ont simplement pas beaucoup de choix face aux coups forcés que peuvent jouer les Blancs. Par exemple 13...xe5 exploite le clouage, mais 14.h1 perdait immédiatement une pièce pour les Noirs à cause d’un autre clouage. Après de nombreuses analyses, Psakhis comme Karolyi s’accordent à penser que 13...xe5 était néanmoins la meilleure défense, car après 14.e3! b5 15.fxe6+ g6 16.f2 h7 17.ab1 g4 18.h4 e2 19.be1 xc2 20.xg4 g6 21.xg6+ xg6 22.f7 e8 23.xb7 les Blancs devraient probablement gagner. Cependant, une certaine somme de connaissances techniques de fin de partie seront requises pour cela, souligne Psakhis.

De même, Tal n’a pas eu besoin de perdre beaucoup de temps pour calculer qu’après 13...g8 14.fxe6 (14.exd6! renforça Psakhis en 2011 et après 14...e5 15.c4+ h7 16.xh6!! il ajouta que c’est « un coup que vous pouvez facilement oublier dans vos calculs. Les Blancs détruisent méthodiquement la couverture protectrice des pions, et bientôt, chacun est capable de constater que le Roi est nu ». Le maître Karolyi poursuivit en 2014 avec la variante 16...exd4 17.e6 f6 18.ab1 c5? (18...d8 19.f4) 19.xg7!! dxc3+ 20.h1 xd6 (20...xg7 21.f3) 21.xf6 et les Noirs n’ont aucune chance.) 14...xe5 15.h1 qui force le Cavalier à se rendre sur g6, après quoi 15...g6 (15...a5 fait mieux que résister !) 16.h5 h7 17.f7 est trop fort, avec la menace 18.xh6+, conclut Soltis.

14.fxe6+

Georges Bertola : Rien n’est plus trompeur que l’évidence. Bientôt, devant les succès répétés de Tal dans ses attaques, des commentateurs affirmèrent : « Si Misha dispose d’une colonne ouverte, il va pouvoir mater ! » Le coup intermédiaire 14.h5+ posait pourtant des problèmes insolubles, avec en variante principale 14...e7 15.fxe6 xe6 16.e3 a5 17.dxe5 xe5 18.f5+ d6 19.f4.

14...xe6

Après 14...♔xe6

15.b1!!

Georges Bertola : Un coup splendide qui illustre le génie tactique de Tal. La position reste d’une complexité extraordinaire avec de nombreuses variantes possibles. Simagin comptait sur 15.g4+ d6 16.a3+? c7 pour se tirer d’affaire.

On peut trouver quelque peu dérisoire le commentaire de Lakdawala en 2015 dans son ouvrage Tal move by move. Il ne reflète pas vraiment l’esprit créatif de Tal, avec des analyses assistées par ordinateur : « Ce coup spectaculaire (ponctué incorrectement par un point d’exclamation par Chernev et gratifié généreusement par un double point d’exclamation par Tal et Damsky) n’est que la deuxième meilleure suite. » Lakdawala indique la première 15.e3 a5 16.g4+ e7 17.dxe5 xe5 18.f5 et il devient évident que le Roi noir ne fera pas long feu.

15...xb1

Mikhaïl Tal : Si 15...a6 16.g4+ d6 17.dxe5+ (17.f4! exf4 18.xf4+ e7 19.c7 précise Karolyi.) 17...c7 18.f4. Et si 15...a5 simplement 16.xb7.

16.c4+ d6

Georges Bertola : Il n’y a pas vraiment de quoi s’extasier avec la variante mentionnée par Lakdawala : 16...e7!! mais aucun humain ne jouerait ce coup qui ressemble à un suicide, admet l’auteur américain, et après 17.a3+ d8 18.xb1 xa3 19.xb7 c8 20.xa7 d6 21.f7 c7 22.a8+ c8 23.a6 f8 24.xg7 f6 et les Noirs conservent encore un espoir pour survivre.

17.a3+ c7 18.xb1 xa3 19.b3

Tal : « Les Noirs ont une compensation matérielle adéquate, mais l’avantage de développement des Blancs permet une attaque irrésistible. »

19...e7

Georges Bertola : Sauver le Fou semble une décision logique pour continuer la lutte, alors que l’ordinateur analyse entre autres 19...b6.

20.xb7+ d6

Après 20...♔d6

21.dxe5+?

Koblenz : « Avant de jouer son 12e coup, Tal avait réfléchi longuement, puis avait joué tous les coups suivants rapidement. Et voilà les conséquences funestes de cette attitude risquée. Si Tal avait été plus attentif, plus calme, il aurait certainement vu 21.d1! e4 22.d5! e5 23.dxc6+ e6 24.b3+ f5 25.f1++-

21...xe5 22.d1+ e6 23.b3+ f5 24.f1+ e4

La balade du Roi se poursuit car si 24...g6 25.e6+ f6 26.f5+ f7 27.xe5 récupérait une pièce avec net avantage.

25.e1+

Plus précis est 25.e6! qui coupait la retraite du Roi, selon Paskhis : 25...c5+ 26.h1 he8 27.e1+ e3 28.h3 c4 29.d7+- (voire 29.h5!+- selon Lakdawala.)

25...f5

Après 25...♔f5

26.g4+!

Ce joli sacrifice de pion ne peut être accepté à cause de la mauvaise coordination des pièces mineures noires et l’arrivée de la Dame blanche sur e6 ou f7.

26...f6 27.f1+ g6 28.e6+ h7

28...f6 ne sauvait pas la pièce, là encore à cause de 29.f5+ f7 30.xe5+-

29.xe5

Tal : « Et en plus de l’initiative, les Blancs ont obtenu un avantage matériel. »

29...he8 30.f7 f8 31.f5+ g8 32.f2

Tal : « C’est ici que se révèle un aspect de la nature de mon jeu. Au lieu d’une tranquille et pure réalisation technique de l’avantage, j’ai décidé d’inclure dans l’attaque... mon Roi, en planifiant une marche via g1–f2–g3–h4–h5–g6. »

32...c5+ 33.g3 e3+ 34.h4 ae8

Tal : Sur 34...e7+ j’avais projeté 35.h5 d8 36.xg7+ xg7 37.g6+ mais je m’étais aperçu que 37...f8! 38.xh6+ f7 39.xe3 échouait après 39...h8+ 40.h6 xh6+ 41.xh6 avec égalité.

De son côté, Koblenz propose 35.g5! et la situation n’est pas claire, selon Psakhis, qui indique deux variantes : 35...hxg5+ (Meilleur semble être 35...xg5+ 36.h5 ae8 37.g6 h3+ 38.g4 h4+ 39.g3 e3+ 40.f2 f4+ 41.xf4 xf4 42.xc6 e7 43.h4 e3+ 44.f3 b6 et les Noirs ont constitué une forteresse qui rend le gain blanc problématique, mais rien n’est vraiment forcé…) 36.h5 d8 37.g6 h3+ 38.g4 h4+ 39.f3 f4+ 40.xf4 gxf4 41.xc6 gagne.

Après 34...♖ae8

35.xg7+!

Psakhis : Sans aucun doute la meilleure chance pratique.

35...xg7 36.xc5

Simagin : Durant la cinquième heure de jeu, une position peut devenir incompréhensible !

Après 36.♕xc5

36...8e6?

Koblenz : La dernière erreur, décisive cette fois dans une position simple. Il est clair que le pion a7 doit être défendu. Ragozin a démontré par la suite que 36...8e7! 37.xc6 f7! avec la menace Tff3 offrait de bonnes possibilités pour annuler. Psakhis poursuit avec, par exemple, 38.c8 ff3 39.g5 hxg5+ 40.xg5 et ici le plus simple est sans doute 40...e5+ 41.g4 fe3 et les Tours coordonnées peuvent à la fois inquiéter le Roi blanc et défendre leur Roi et le pion a7.

37.xa7+ g6 38.a8

Avec le piège, si 38...f6?? pour doubler les Tours sur la 3e rangée, g8 mat.

38...f6

Une dernière tentative du Roi noir pour influer sur le cours de la partie...

39.a4

Koblenz : Mais ce pion passé assure la victoire aux Blancs.

39...e5 40.a5 d5 41.d8+ e4 42.a6 f3 43.a7 e2 44.d3+ 

Après 44.♕d3+

44...6e3

Georges Bertola : Non, Tal n’a pas raté le mat qui survenait après, 44...2e3 45.f1+ e4 46.f5# pointé par Lakdawala, car 44...6e3 est le coup du bulletin du tournoi.

45.xe3+ 1-0

Cette superbe partie fut toutefois loin de convaincre son perdant, Vladimir Simagin, qui resta toujours très réservé sur la qualité du jeu de Tal, ce qu’il exprima ainsi : « Le style de Tal, comme l’a correctement remarqué Averbakh, est basé sur la psychologie, mais illogique. Un grand nombre de ses combinaisons s’avèrent insuffisantes après
une analyse minutieuse. Elles ont, comme nous le dirions, des trous. Dans la plupart de ses parties, il n’y a pas d’harmonie, le fil conducteur d’un déroulement logique est absent. Tal est souvent éloigné du niveau d’un stratège. Un de mes collègues a prétendu que pour publier un livre Tal le stratège, il n’y aurait pas de matière. Ceci est exagéré bien sûr, mais cependant cette constatation n’est pas sans fondement. »

Tal, Mihail - Simagin, Vladimir Pavlovich, URS-ch23 Final Leningrad (3), 14.01.1956.
Le Championnat d’URSS 1956.
  • « Il y a deux sortes de sacrifices, les corrects et les miens. »
  • « Nombreux sont ceux qui maîtrisent la table de multiplication des échecs et même ses tables de logarithmes. Voilà pourquoi on devrait, de temps à autre, chercher à prouver que 2 fois 2 peuvent aussi faire 5. »
  • « La rapidité de développement constitue la première des priorités, et chaque temps prend une importance encore plus considérable dans les positions ouvertes. »
  • « Je joue toujours pour le gain. Une action timorée et indécise ne fait que favoriser la menace de défaite. »
  • « Bien des sacrifices n'exigent aucun calcul. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la position pour se rendre compte qu'ils doivent être corrects. » Mikhaïl Tal

Harmonie et efficacité

Les brillants résultats de Tal ne sont pourtant « pas issus d’une attitude irrationnelle
», comme le remarquait le GMI Bronstein. Voici les conclusions de l’un des entraîneurs les plus fameux de l’école soviétique, le GMI Tukmakov : « Le réel secret de son succès était sa compréhension de la valeur des pièces, différente de la norme. Il ne leur donnait pas une valeur permanente, mais temporaire, en fonction de la situation sur l’échiquier. Il avait un sens subtil, tout en nuances, qui manquait complètement à la plupart de ses adversaires. D’un autre côté, l’aspect matériel n’avait pas du tout d’importance pour lui. Lorsque, dans une position égale, il sacrifiait un pion ou une pièce, ou lorsque qu’il jouait une position déséquilibrée sur le plan matériel, ses pièces restantes sur l’échiquier acquéraient une valeur complètement différente, et collaboraient avec une efficacité que lui seul pouvait atteindre. »

Cet article de Georges Bertola a été publié dans la revue Europe-Echecs numéro 676 du mois de mai 2017.


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Les réactions (2)

  • Azimut

    Merci Georges pour ce fabuleux article ! (un de plus !)
    Je souscris totalement au fait que sommes toujours éblouis par les parties tactiques, et ce, qu'elles soient jouées en club, ou sur internet !
    Tal était éblouissant et reste irremplaçable dans ce domaine.
    Et à son époque il ne pouvait pas s'aider avec les ordinateurs !
    D'autres génies ont depuis marqué les esprits, mais Tal est le grand précurseur!
    Si Tal le pouvait, aujourd'hui il ferait un score exceptionnel dans les Batles tactiques sur notre site d'Echecs !

  • jplie

    Bon Article Merci